משנה: אֵילּוּ דְּבָרִים שֶׁאֵין לָהֶן שֵׁיעוּר הַפֵּיאָה וְהַבִּכּוּרִים וְהָרֵאָיוֹן וּגְמִילוּת חֲסָדִים וְתַלְמוּד תּוֹרָה. אֵילּוּ דְּבָרִים שֶׁאָדָם אוֹכֵל פֵּירוֹתֵיהֶן בָּעוֹלָם הַזֶּה וְהַקֶּרֶן קַיֶּמֶת לוֹ לָעוֹלָם הַבָּא כִּיבּוּד אָב וָאֵם וּגְמִילוּת חֲסָדִים וַהֲבָאַת שָׁלוֹם בֵּין אָדָם לַחֲבֵירוֹ וְתַלְמוּד תּוֹרָה כְּנֶגֶד כּוּלָּן. Les devoirs dont l’accomplissement n’a pas de limites déterminées (par la Loi) sont1Comme ces objets n'ont pas de limites fixées légalement, les rabbins leur en ont tracé. Mais, à la vérité, il y en a encore d'autres dont la quantité n'est pas précisée et dont les exemples seront invoqués dans la Guemara ci-après, au où parle R. Berakhia. Cf. Babli, Hulin 137b. Tous ce paragraphe fait partie des prières quotidiennes du matin.: l’abandon de l’angle du champ aux pauvres lors de la moisson2"Il est dit en (Lv 19, 9) et 10, que lors de la moisson il ne faut pas raser le champ en ses moindres recoins, mais abandonner l'angle au pauvre et à l'étranger. On comprend le sentiment d'humanité qui a dicté à Moïse ce devoir de charité et de fraternité: il donne une place à l'infortuné dans la récolte du riche. Cf. (Lv 23, 22); (Dt 24, 19) et suiv."; l’offrande des prémices3Voir (Ex 23, 19), et (Dt 26, 1-11). En Palestine, les prémices des produits de la terre devaient être apportées au Temple de Jérusalem, offerts à Dieu en présence du sacerdote, et accompagnés d'une formule d'hommage envers le créateur. Après l'accomplissement de cette cérémonie, on pouvait consommer ces produits sur place. Du reste, le traité Bikurim (des prémices), le dernier de la 1ère série de la Mishna, donne à ce sujet des détails développés.; le sacrifice offert au Temple (de Jérusalem) lors des trois visites prescrites4Trois fois par an, aux fêtes de Pâques, de Pentecôte et des Tabernacles, les Israélites se rendaient à Jérusalem et y offraient un don proportionnel à leur moyens (Dt16, 16-17). Cet usage est encore symbolisé de nos jours à chaque fête juive par la cérémonie du MATANAT YAD célébrée dans les temples actuels. Cf. (Hagiga 1, 1); la bienfaisance5Dans ces œuvres charitables, comme on le voit par la suite, il n'est question que de démarches personnelles à faire., et l’étude de la Loi6Il faut la méditer jour et nuit. Voir (Jos 1, 8).. Les devoirs qui donnent à l’homme une jouissance dans ce monde et dont la récompense principale est réservée pour la vie future, sont7"Cf. Babli, Kidushin, 39b; Shabat 127a.": la piété filiale, la bienfaisance, la fréquentation assidue des écoles religieuses, l’hospitalité, la sollicitude pour les malades, la dotation des fiancés, les derniers honneurs dus aux morts, le recueillement dans la prière, le rétablissement de la paix entre l’homme et son prochain8Voir (Ps 34, 15), et (Pr 21, 21).. Mais le devoir le plus important est l’étude de la Loi, et il équivaut à tous les autres.
הלכה: רִבִּי בִּנְיָמִין בַּר לֵוִי אָמַר רִבִּי יִצְחָק וְרִבִּי אִימִּי הֲווֹן יְתִיבִין מַקְשׁוֹי אֲמַר לָמָּה לֹא תַנֵּינָן תְּרוּמָה עִמְּהוֹן. אָמַר רִבִּי אִימִּי מִפְּנֵי הַמַּחְלוֹקֶת. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי אָדָם עוֹשֶׂה כָּל־שָׂדֵהוּ בִּיכּוּרִים וְאֵין אָדָם עוֹשֶׂה כָּל־שָׂדֵהוּ תְרוּמָה. הֲתִיבוּן הֲרֵי הוּא אוֹמֵר פֵּיאָה הֲרֵי אֵין אָדָם עוֹשֶׂה כָל־שָׂדֵהוּ פֵּיאָה וְתַנִּיתָהּ. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי קְצִירַת שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה דּוֹמָה לְמֵירוֹחוֹ עַד שֶׁלֹּא קָצַר שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה לֹא נִתְחַייְבָה שָׂדֵהוּ פֵּיאָה. מִשֶּׁקָּצַר שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה נִתְחַייְבָה כָּל־שָׂדֵהוּ פֵּיאָה. בִּיקֵּשׁ לַעֲשׂוֹת כָּל־שָׂדֵהוּ פֵּיאָה עוֹשֶׂה. בְּרַם הָכָא עַד שֶׁלֹּא נִתְמָרֵחַ הַכְּרִי לֹא נִתְחַייֵב כִּרְיּוֹ תְרוּמָה. בִּיקֵּשׁ לַעֲשׂוֹת כָּל־כִּרְיּוֹ תְרוּמָה אֵינוֹ עוֹשֶׂה דְּתַנֵּינָן תַּמָּן הָאוֹמֵר כָּל־גּוֹרְנִי תְרוּמָה וְכָל־עִיסָּתִי חַלָּה לֹא אָמַר כְּלוּם עַד שֶׁיְּשַׁייֵר מִקְצָת. Les devoirs dont l’accomplissement n’a pas de limites déterminées sont: etc.” R. Benjamin b. Levi dit: comme R. Isaac et R. Imi se trouvaient ensemble à étudier, l’un (Isaac) demanda: pourquoi, dans cette énumération, n’a-t-on pas parlé de la terouma9Voir Babli, tossafoth à Hulin 137b. Or, selon Samuel, la trouma pourra être très minime ou très étendue. ou oblation sacerdotale? C’est, lui répondit R. Imi, à cause des distinctions10Le mot MAHLOQUET employé ici n'a pas le sens ordinaire de Discussion, mais celui de distinction. Cf. Baba Metsia 7b. entre les diverses mesures d’oblation (le 50ème dû selon la moyenne, ou le 40ème donné par une personne généreuse, ou le 60ème par celui qui a mauvais cœur). De même, R. Yossé fait remarquer qu’il est dit11Mishna, (Bikurim 2, 4): on peut consacrer tout son champ à titre de prémices (sans limites), mais non comme oblation sacerdotale12"Parce qu'elle doit être une oblation sur tout le reste; et, pour cette raison, elle ne fait pas partie de l'énumération de la Mishna.". N’y-a-t-il pas lieu cependant d’objecter que, pour la pea, on ne doit pas non plus lui consacrer un champ entier13Selon Tossefta, 1., au lieu d’un angle seul? Si donc elle est limitée, pourquoi la mentionner plutôt que la terouma? R. Yossé répond: la coupe du premier épi équivaut pour la pea à l’entassement de tout le grain (pour les prélèvements ultérieurs à opérer): aussi longtemps que le propriétaire d’un champ n’a pas coupé un seul épi, il n’est pas tenu à l’obligation de la pea; l’obligation commence avec la première coupe, et, dès lors, s’il veut livrer tout son champ à titre de pea, il peut le faire14La péa diffère donc de la trouma et est illimitée.. Au contraire, pour la terouma, aussi longtemps que le monceau de blé n’est pas entassé (ni débarrassé des issues), il n’existe pas encore d’obligation de la terouma, et plus tard, lorsque l’obligation commence, elle est limitée et on ne peut pas consacrer au sacerdote tout le monceau; car, ainsi qu’on la enseigné ailleurs15Mishna, (Halla 1, 9), et Babli, (Hulin 136b).: ce serait une parole nulle de déclarer que toute une grange soit considérée comme terouma, ou une pâte entier comme Halla, sans rien en consommer (ce ne serait pas un prélèvement, mais un abandon total).
שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה מַהוּ שֶׁתְּהֵא חַייֶבֶת בְּפֵיאָה. אֵיפְשַׁר לוֹמַר הִיא חִייְבָה כָּל־שָׂדֵהוּ פֵּיאָה וְהִיא חַייֶבֶת בְּפֵיאָה. קָצַר שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה וְנִשְׂרְפָה מַהוּ שֶׁיְהֵא צָרִיךְ לִקְצוֹר פַּעַם שְׁנִייָה. נִשְׁמְעִינָהּ מִן הָדָא. קָצַר חֶצְיָיהּ וּמָכַר חֶצְיָיהּ וּמָכַר מַה שֶׁקָּצַר קָצַר חֶצְיָהּ וְהִקְדִּישׁ מַה שֶׁקָּצַר נוֹתֵן מִן הַמְשׁוּאָר עַל הַכֹּל. וְהֶקְדֵּשׁ לָאו כְּשָׂרוּף הוּא. הָדָא אָֽמְרָה קָצַר שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה וְנִשְׂרְפָה אֵינוֹ צָרִיךְ לִקְצוֹר פַעַם שְׁנִייָה. D’après ce qui vient d’être dit du premier épi, est-il passible aussi de l’obligation de la pea? Non, car il ne se peut pas que l’on dise qu’il entraîne l’obligation pour tout le champ, et qu’il est en même temps passible lui-même. Si le premier épi coupé a été brûlé de suite (avant la récolte du reste), faut-il en ce cas (pour que la pea soit due) faire une nouvelle coupe? On peut résoudre la question d’après ce qui suit: Si l’on a coupé une moitié du champ, est-il dit plus loin (2,8), et l’on a vendu cette moitié, ou, si après avoir coupé la moitié à l’a déclarée sacrée, on donne la part de pea pour tout (vendu ou consacré) sur ce qui reste adhérent à la terre. Or, ce qui a été consacré est certes considéré comme brûlé (pour la pea); donc, lorsque le premier épi coupé est brûlé, il est inutile de faire une nouvelle coupe (pour qu’il y ait lieu de donner la pea).
כִּילָּה אֶת שָׂדֵהוּ אַתְּ אָמַר חָֽזְרָה פֵיאָה לָעֳמָרִין. מַהוּ שֶׁתַּחְזוֹר פֵּיאָה לִקְצִירַת שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי נֵילַף פֵּיאַת עוֹמָרִין מִפֵּיאַת קָמָה. מַה פֵּאַת קָמָה לֹא חָֽזְרָה קָמָה לִקְצִירַת שִׁיבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה. אַף פֵּיאַת עוֹמָרִין לֹא תַחְזוֹר פֵּיאָה לִקְצִירַת שִׁבּוֹלֶת הָרִאשׁוֹנָה. Si l’on a entièrement rasé le champ (sans rien laisser aux pauvres), on sait que l’obligation de la pea doit retomber sur les gerbes. Et par suite faut-il l’imposer même au premier épi coupé (ou bien, selon la règle précédente, n’en est-il pas passible, parce que c’est sa coupe qui entraîne l’obligation)? C’est que, répond R. Yossé, on compare la pea due sur les gerbes à celle qui est due pour le blé encore debout: de même que, pour cette dernière, l’obligation n’a pas d’effet rétroactif (elle n’est pas due pour le premier épi).
הַפֵּיאָה יֵשׁ לָהּ שֵׁיעוּר מִלְּמַטָּן וְאֵין לָהּ שֵׁיעוּר מִלְּמַעֲלָן. הַבִּיכּוּרִים וְרֵאָיוֹן אֵין לָהֶם שֵׁיעוֹר לֹא מִלְּמַעֲלָן וְלֹא מִלְּמַטָּן. אִית תַּנִּי תַּנָּא הַפֵּיאָה וְהַבִּיכּוּרִים וְרֵאָיוֹן אֵין לָהֶם שֵׁיעוֹר לֹא לְמַעֲלָן וְלֹא לְמַטָּן. מַה נְפִיק מִן בֵּינֵיהוֹן וְהֵן חַד מִן שִׁשִּׁים. מַן דָּמַר דְּפֵּיאָה יֵשׁ לָהּ שֵׁיעוּר מִלְּמַטָּן וְאֵין לָהּ שֵׁיעוּר מִלְּמַעֲלָן מַה שֶׁנָּתַן נָתַן חָזַר וְהוֹסִיף חַייָב בְּמַעֲשֵׂר עַד שָׁעָה שֶׁיַּשְׁלִים. מַאן דָּמַר הַפֵּיאָה וְהַבִּיכּוּרִים וְהָרֵיאָיוֹן אֵין לָהֶן שֵׁיעוֹר לֹא מִלְּמַעֲלָן וְלֹא מִלְּמַטָּן מַה שֶׁנָּתַן כְּבָר נִפְטָּר. חָזַר וְהוֹסִיף חַייָב בְּמַעְשְׂרוֹת. La pea a une mesure a minima (au moins le 60ème), mais non un maximum (l’on peut donner bien plus, même le tout); pour l’offrande des prémices et le sacrifice au Temple lors des 3 visites prescrites, il n’y pas de mesure, ni minimum, ni maximum. Selon un autre enseignement, il n’y a de limite pour aucun des 3 objets. Quelle est la différence pratique entre ces deux opinions, puisqu’en tous cas le 60ème est le minimum à donner pour la pea comme mesure rigoureuse? La voici: d’après celui qui dit que, pour celle-ci, il y a une limite minimum, la moindre parcelle même du prélèvement incomplet est valable, et lorsqu’on y ajoute une petite part (moins du 60ème), il faut jusqu’à parfait achèvement donner la dîme sur ce prélèvement16Dès qu'il est complet, il n'est plus soumis aux parts dues.. D’après l’avis contraire, la pea est une fois donnée (même moindre), on est dispensé du reste, et ce que l’on y ajoute est soumis aux dîmes (n’étant plus de la pea).
רִבִּי בַּרֶכְיָה בְּעִי וְלָמָּה לֹא תַנֵּינָן עָפָר סוֹטָה. וְלָמָּה לֹא תַנֵּינָן אֶפֶר פָּרָה. וְלָמָּה לֹא תַנֵּינָן רוֹק יְבָמָה. וְלָמָּה לֹא תַנֵּינָן דַּם צִיפּוֹר שֶׁל מְצוֹרָע. לֹא אֲתִינָן מַתְנִיתָא אֶלָּא דְּבָרִים שֶׁהוּא מוֹסִיף עֲלֵיהֶן וְיֵשׁ בַּעֲשִׂייָתָן מִצְוָה. אֵילּוּ אַף עַל פִּי שֶׁהוּא מוֹסִיף עֲלֵיהֶן אֵין בַּעֲשִׂייָתָן מִצְוָה. R. Berakhia demanda: pourquoi, dans l’énumération faite pour la Mishna, n’a-t-on parlé de la terre délayée dans la boisson présentée à la femme soupçonnée d’adultère (Nb 5, 17), ni de la cendre de la vache rousse mêlée aux eaux d’aspersion (Nb 19, 17), ni du crachat de lévirat, lorsqu’une veuve déchausse la sandale de son beau-frère pour refuser sa main (Nb 25, 9), ni du sang que l’on doit répandre de l’oiseau de sacrifice d’un lépreux (Lv 14, 6)? La Mishna n’enseigne que les sujets pour lesquels il y a un mérite à donner plus que la quantité due; tandis que pour les quatre devoirs précités, il n’y a pas de mérite à dépasser la mesure prescrite.
וְהָרֵאָיוֹן. מַתְנִיתִין בְּרֵאָיַית קָרְבָּן אֲבָל בְּרֵאָיַית פָּנִים יֵשׁ לָהּ שֵׁיעוּר. וַאֲתְייָא כַּיי דָּמַר רִבִּי יוֹחָנָן מָעָה כֶסֶף שְׁתֵּי כֶסֶף דְּבַר תּוֹרָה. Pour la vue du Temple, lors des 3 visites prescrites aux fêtes, la Mishna dit qu’il n’y a pas de limite à la présence personnelle. mais, il est évident que, pour le sacrifice offert, il y a une mesure. Ceci est conforme à ce qu’a dit R. Yohanan: il est légalement obligatoire (en vertu d’une allusion biblique) d’offrir au Temple (lors de cette visite) un holocauste ayant, au moins, la valeur de deux pièces d’argent17Le Maa' vaut le 6ème du dinar, selon Zuckermann, Talmudische Münzen, p. 23. et un sacrifice pacifique (personnel) de la valeur de 2 pièces18Voir même série. (Hagiga 1, 2) ( 76b) et Babli, même traité, 7a..
תַּנָּא רִבִּי יַסָּא קוֹמֵי רִבִּי יוֹחָנָן רֵאָייָה כָּל־שֶׁהוּא חֲכָמִים הֵן שֶׁאָֽמְרוּ מָעָה כֶסֶף שְׁתֵּי כֶסֶף. אָמַר לֵיהּ וְיֵשׁ כֵּן זוּ. אָמַר רִבִּי יוֹנָה וְכָל־הַשֵּׁיעוּרִין לֹא חֲכָמִים הֵן שֶׁנָּֽתְנוּ כְּזַיִת מִן הַמֵּת וּכְזַיִת מִן הַנְּבֵילָה וְכַעֲדַשָּׁה מִן הַשֶּׁרֶץ. לֹא אַתְייָא מִישְׁאוֹל אֶלָּא כְּהָדָא דְתַנִּי רִבִּי הוֹשַׁעְיָא. לֹא יֵרָאוּ פָנַי רֵיקָם אֲפִילוּ כָּל־שֶׁהוּא. חֲכָמִים הֵן שֶׁאָֽמְרוּ מָעָה כֶסֶף שְׁתֵּי כֶסֶף. וְקַשְׁיָא מִן דּוֹ סְמַךְ לִדְבַר תּוֹרָה הוּא. (חֲכָמִים הֵן שֶׁנָּֽתְנוּ כְּזַיִת מִן הַמֵּת וּכְזַיִת מִן הַנְּבֵילָה וְכַעֲדַשָּׁה מִן הַשֶּׁרֶץ) [הוּא אָמַר חֲכָמִים הֵן שֶׁאָֽמְרוּ מָעָה כֶסֶף שְׁתֵּי כֵֶסֶֶף.] אָמַר רִבִּי יוֹסֵי בֵּי רִבִּי בוּן רִבִּי יוֹחָנָן כְּדַעְתֵּיהּ דְּרִבִּי יוֹחָנָן אָמַר כָּל־הַשֵּׁיעוּרִין הֲלָכָה לְמֹשֶׁה מִסִּנַי דּוֹ אָמַר R. Yossa a enseigné, au contraire, en présence de R. Yohanan, que l’offre de la présence, quelque minime qu’elle soit, peut suffire (selon la Loi); ce sont les Sages qui ont établi l’obligation d’une pièce d’argent pour le 1er sacrifice et de deux pour le second (que chacun de ces 2 sacrifices devra représenter respectivement ladite valeur). Mais, lui objecta R. Yohanan, y-a-t-il d’autres exemples analogues19C'est-à-dire, ailleurs encore voit-on que les Sages aient donné une mesure précise à ce qui n'en avait pas? Comp. Babli, Berakhot 41b (t. 1er de notre traduction, p. 396).? Certes, répliqua R. Yona; toutes les mesures prescrites n’ont-elles pas été délimitées par les Sages? Ainsi, par exemple, il faut la grandeur d’une olive pour qu’un fragment de cadavre constitue l’impureté, la même mesure d’une bête morte (pour constituer le crime d’avoir mangé de l’immondice) et la grosseur d’une lentille pour le ver (son impureté ne devient réelle que s’il a cette mesure légale). En effet, la question posée par R. Yohanan ne se rapporte qu’à l’enseignement de R. Oshia: de l’expression biblique On ne verra pas ma face les mains vides (Dt 16, 16), on peut déduire, selon lui, que la plus petite offrande suffit; mais les Sages ont établi une mesure obligatoire, à savoir: l’holocauste devra coûter une pièce d’argent et le sacrifice pacifique deux pièces. La difficulté soulevée par R. Yohanan est donc celle-ci: comme le verset précité implique une allusion biblique légale (justifiant la mesure précise) comment R. Oshia dit-il que les Sages l’ont prescrite, mais ils ont fixé l’olive pour l’impureté d’un mort ou par la défense de manger des objets immondes, ou la grosseur d’une lentille pour l’interdiction des vers? (Cette détermination est applicable d’ordinaire aux cas non basés sur la Loi). Chacun de ces avis, dit R. Yossé bar R. Aboun, s’explique comme suit: l’avis de R. Yohanan est conforme à ce qu’il dit ailleurs20Babli Yoma 80a. que toutes les mesures légales ont été prescrites à Moïse sur le mont Sinaï (ce sont des traditions reçues et non les décisions des Sages);
מָעָה כֶסֶף שְׁתֵּי כֶסֶף דְּבַר תּוֹרָה. רִבִּי הוֹשַׁעְיָא כְּדַעְתֵּיהּ דְּרִבִּי הוֹשַׁעְיָא אָמַר הָאוֹכֵל אִיסּוּר בִּזְמַן הַזֶּה צָרִיךְ לִרְשׁוֹם עָלָיו אֵת הַשֵּׁיעוּרִין שֶׁמָּא יַעֲמוֹד בֵּית דִּין אַחֵר וִישַׁנֶּה עָלָיו אֶת הַשֵׁיעוּרִין וִיהֵא יוֹדֵעַ מֵאֵי זֶה שֵׁיעוּר אָכַל. aussi, dit-il, les limites d’une et de deux pièces d’argent sont comme fixées par la Loi. L’avis de R. Oshia est conforme à ce qu’il dit que, pour les consommations interdites, il faut, de notre temps, préciser les limites, de crainte qu’il ne survienne un autre tribunal et ne modifie ces limites; il faut savoir quand la consommation d’une certaine quantité constitue une interdiction (donc, la délimitation est due aux sages).
אָֽמְרֵי חָזַר בֵּיהּ רִבִּי יוֹחָנָן מִן הָדָא. רִבִּי יוֹנָה וְרִבִּי יוֹסֵי תְּרַוֵּיהוֹן אָֽמְרִין לֹא חָזַר בֵּיהּ וְעוֹד מִן הָדָא דְּאָמַר רִבִּי לָא בְשֵׁם רִבִּי אַמִּי אִיתְפַּלְּגוּן חִזְקִיָּה וְרִבִּי יוֹחָנָן. חִזְקִיָּה אָמַר אָדָם חוֹלֵק אֶת חוֹבָתוֹ לִשְׁתֵּי בְהֵמוֹת. רִבִּי יוֹחָנָן אָמַר אֵין אָדָם חוֹלֵק אֶת חוֹבָתוֹ לִשְׁתֵּי בְהֵמוֹת. אֶלָּא צָרִיךְ שֶׁיְּהֵא בְיָדוֹ שְׁתֵּי כֶסֶף לְכָל אַחַת וְאַחַת. Selon certaines opinions, R. Yohanan renonça à son avis. Mais, selon R. Yona et R. Yossé, il n’y renonça pas; et ce qui le prouve, le voici: R. Ila dit, au nom de R. Ami, que Hizkia et R. Yohanan sont en désaccord sur le point suivant: selon le premier, le devoir d’offrir des sacrifices est rempli si l’on apporte pour 2 pièces 2 animaux (chacun des deux, d’égale valeur, équivaut à l’une des 2 obligations); d’après le second, ce mode ne suffirait pas et il faut avoir en mains deux pièces d’argent pour chaque sacrifice21Donc, la fixation du prix à 2 pièces est présumée légale..
רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ בְּשֵׁם חִזְקִיָּה אָדָם טוֹפֵל בְּהֵמוֹת לִבְהֵמָה. וְאֵין אָדָם טוֹפֵל מָעוֹת לְמָעָה. הֵיךְ עֲבִידָא הָיוּ לְפָנָיו עֶשֶׂר בְּהֵמוֹת וְהִקְרִיב חָמֵשׁ בְּיוֹם טוֹב הָרִאשׁוֹן וְהַמּוֹתָר מַהוּ שֶׁיִּדָּחֶה לְיוֹם טוֹב הָאַחֲרוֹן. רִבִּי קְרִיסְפָּא אָמַר אִיתְפַּלְּגוּן רִבִּי יוֹחָנָן וְרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ. חַד אָמַר דּוֹחֶה וְחָרָנָא אָמַר אֵינוֹ דוֹחֶה וְלָא יָֽדְעִין מַה אָמַר דָּא וּמַה אָמַר דָּא. אָמַר רִבִּי זְעִירָא נְפָרֵשׁ מִילֵּיהוֹן דְּרַבָּנָן מִן מִילֵּיהוֹן דְּרִבִּי יוֹחָנָן דּוּ אָמַר אָדָם טוֹפֵל מָעוֹת לְמָעוֹת וְאֵין אָדָם טוֹפֵל בְּהֵמוֹת לִבְהֵמָה הוּא דּוּ אָמַר דוֹחֶה. וְרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ דּוּ אָמַר אָדָם טוֹפֵל בְּהֵמָה לִבְהֵמָה וְאֵין אָדָם טוֹפֵל מָעוֹת לְמָעָה הוּא דּוּ אָמַר אֵינוֹ דּוֹחֶה. אָתָא שִׁמְעוֹן בַּר ווָה בְּשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן לְעוֹלָם הוּא מוֹסִיף וְהוֹלֵךְ וְדוֹחֶה אֶת יוֹם טוֹב עַד שֶׁיֹּאמַר אֵין בְּדַעְתִּי לְהוֹסִיף. Selon R. Simon b. Lakish, au nom de Hiskia, on peut (dans ce but) réunir les animaux de seconde dîme à d’autres non consacrés et compléter ainsi les besoins de la consommation, mais cette réunion du sacré au profane n’est plus applicable à l’argent (pour achat de bestiaux22Cf. Babli, Hagiga 8a.). Puisque, selon R. Yohanan, on peut réunir les diverses sommes, que faire, lorsqu’ayant destiné aux sacrifices dix bestiaux, l’on en offre 5 le premier jour de fête? Peut-on alors immoler tout le reste au dernier jour de la fête23Est-ce permis à titre de sacrifice de fête, ou est-ce interdit en les considérant comme offre volontaire.? Sur ce point, répondit R. Krispa, il y entre R. Yohanan et Resh-Lakish un désaccord: d’après l’un, il faut les ajourner au lendemain de la fête, et, d’après l’autre, il ne le faut pas24La sainteté du sacrifice l'emporte sur la fête.. Comme l’on ne savait pas auquel des deux rabbins il fallait attribuer chaque avis distinct, R. Zeira proposa d’éclaircir l’avis de ces rabbins d’après leurs autres paroles; or, R. Yohanan (plus haut) permet de réunir dans un même but les pièces d’argent, et non les animaux destinés aux sacrifices (tout devant être profane); il faut supposer aussi que d’après son avis le sacrifice l’emporte et l’on peut égorger, au dernier jour de fête, les bestiaux restants (les considérant comme sacrifices de fête). Mais R. Simon ben Lakish, qui est d’avis de laisser réunir dans un seul but les animaux (de source sacrée), non les pièces d’argent, est aussi d’avis que les sacrifices ne prévalent pas et l’on ne peut pas les égorger en ce jour de fête25Ce ne seraient plus des sacrifices de fête, mais des offrandes volontaires.. Simon ben Wawa vint alors dire au nom de R. Yohanan: on peut en tous cas continuer à ajouter au nombre des sacrifices offerts le premier jour et transgresser en ce cas le dernier jour de fête, à moins que l’on dise n’avoir pas l’intention d’y rien ajouter (parce que en ce cas le bétail égorgé n’est plus un sacrifice de fête).
וּגְמִילוּת חֲסָדִים. הָדָא דְּתֵימַר בְּגוּפוֹ. אֲבָל בְּמָמוֹנוֹ יֵשׁ לוֹ שֵׁיעוּר. וַאֲתְייָא כַּיי דָּמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ בְּשֵׁם רִבִּי יְהוּדָה בֶּן חֲנִינָא נִמְנוּ בְאוּשָׁא שֶׁיְּהֵא אָדָם מַפְרִישׁ חוֹמֶשׁ מִנְּכָסָיו לְמִצְוֹת. עַד הֵיכָן רבּן גַמְלִיאֵל בֶּן אִינִינִיָּא וְרִבִּי אַבָּא בַּר כֲּהָנָא חַד אָמַר עַד כְּדֵי תְרוּמָה וּתְרוּמַת מַעֲשֵׂר. וְחָרָנָא אַמָר כַּבֵּד אֶת יי֨ מֵהוֹנֶךָ וּמֵרֵאשִׁית כָּל־תְּבוּאָתֶךָ. כְּמֵרֵאשִׁית כָּל־תְּבוּאָתֶךָ. Reprise: “La bienfaisance n’a pas de limite.” Ce qui est dit là ne s’applique qu’au dévouement personnel; mais, pour l’argent, il y a des limites de maximum. Ceci est conforme à ce qu’a dit R. Simon ben Lakish au nom de R. Juda ben Hanina: il a été décidé à Ousha après un vote26"Même série, (Ketubot 4, 8) ( 28d), Babli, même traité, 50a; Erakhin, 28a." que l’homme doit distraire un cinquième de ses revenus pour les bonnes œuvres27Cf. Babli, (Baba Qama 9b), d'après (Gn 28, 22), qui fait allusion à une double dîme, ou 5ème.. Quelle est la mesure obligatoires au minimum? R. Gamliel ben Ininia et R. Aba bar Cahana diffèrent d’avis à ce sujet: d’après l’un, ce sera l’oblation sacerdotale (2 %) et l’oblation sur la dîme (ou 1 %, soit ensemble 3 %); d’après l’autre, comme il est dit (Pr 3, 9): Honore l’Eternel par ta richesse et avec les prémices de tes produits (désignant l’oblation), la part sera égale à celle de l’oblation (soit 2 %).
רִבִּי גַמְלִיאֵל בֶּן אִינִינִִיָּא בָּעָא קוֹמֵי רִבִּי מָנָא מַה חוֹמֶשׁ בְּכָל־שָׁנָה וְשָׁנָה. לְחָמֵשׁ שָׁנִים הוּא מַפְסִיד כּוּלָּא. אָמַר לֵיהּ בַּתְּחִילָּה לְקֶרֶן מִיכָּן וָאֵילַךְ לְשָׂכָר. Mais, objecta R. Gamliel ben Ininia en présence de R. Mena, s’il fallait donner chaque année la cinquième part de ses biens l’on ne posséderait plus rien au bout de cinq ans? C’est seulement la première année, fut-il répondu, qu’il faut prélever le 5ème sur le capital, mais ensuite on le prélève sur les revenus.
רַב הוּנָא אָמַר לְמִצְוֹת עַד שְׁלִישׁ. מַהוּ לְכָל־הַמִּצְוֹת עַד שְׁלִישׁ אוֹ לְמִצְוָה אַחַת. סָֽבְרִין מֵימַר לְכָל־הַמִּצְוֹת עַד שְׁלִישׁ. רִבִּי אָבוּן אָמַר אֲפִילוּ לְמִצְוָה אַחַת. רַב חָבִיבָה בְשֵׁם רִבָּנִין דְּתַמָּן מַהוּ שְׁלִישׁ לְדָמִים. הֵיךְ עֲבִידָא לָקַח אָדָם מִצְוָה וְרָאָה אֲחֶרֶת נָאָה הִימֶּינָּה עַד כַּמָּה מַטְרִיחִין עָלָיו עַד שְׁלִישׁ. R. Houna dit que, pour l’accomplissement des préceptes bibliques on va jusqu’à dépenser le tiers. Est-ce que ce chiffre s’applique à l’accomplissement de tous les préceptes, ou d’un seul28Sans quoi, après le 3ème précepte, tout l'avoir serait perdu.? On semble porté à croire qu’il s’agit de faire cette dépense pour la réunion de tous les préceptes; selon R. Aboun, il le faut au besoin pour l’accomplissement d’un seul précepte. R. Habiba explique au nom des rabbins de là-bas (de Babylone), qu’il faut appliquer ce tiers à augmenter le prix d’achat pour remplir les préceptes. Qu’est-ce que l’on entend par là? Si après l’achat d’un objet nécessaire à l’accomplissement d’un devoir, on peut trouver un autre objet pour un prix supérieur, il faut se donner la peine de l’acheter en dépensant au besoin un tiers en plus.
תַּנִּי רִבִּי יִשְׁמָעֵאל זֶה אֵלִי וְאַנְוֵהוּ וְכִי אֶיפְשָׁר לוֹ לְאָדָם לְנַוּוֹת אֶת בּוֹרְאוֹ אֶלָּא אַנְווֶה לְפָנָיו בְּמִצְוֹת אֶעֱשֶׂה לְפָנָיו לוּלָב נָאֶה. סוּכָּה נָאָה. שׁוֹפָר נָאֶה צִיצִית נָאָה תְּפִילִּין נָאִין. אַבָּא שָׁאוּל אוֹמֵר אֲדְמֶה לוֹ. מַהוּ חַנּוּן וְרַחוּם. אַף אַתְּ תְּהֵא חַנּוּן וְרַחוּם. R. Ismael interprète de la façon suivante29"Voir (Sefer Tora 3, 10) (édition Kirchheim, p. 6); Mekhilta sur Bechalah, 3; Sôfrim, 3; Babli, (Shabat 133b)" le verset Il est mon Dieu, je veux le glorifier -littéralement: l’embellir, (Ex 15, 2): il est vrai qu’il est impossible à l’homme d’orner son créateur, mais on peut embellir les objets par lesquels on accomplit ses préceptes. Ainsi, par exemple, on peut choisir un beau lulav (ou branche de palmier, que l’on porte processionnellement au Temple à la fête des Tabernacles), une belle Suka (ou tente symbolique), un beau Shofar (dont on sonne à la fête du nouvel-an), de belles Tsitsit (franges aux 4 coins du vêtement) et des tefilin (phylactères). Selon Aba Shaoul, il importe d’imiter ses qualités30"Il découpe ainsi le mot ANOUHOU: ani wehou, "" moi et lui "", c-à-d. je veux être comme lui.". De même que Dieu est généreux et miséricordieux, de même l’homme doit l’être.
מַעֲשֶׂה בְּרִבִּי יְשֵׁבָב שֶׁעָמַד וְהֶחֱלִיק אֶת כָּל־נְכָסָיו לַעֲנִייִם. שָׁלַח לוֹ רַבָּן גַּמְלִיאֵל וַהֲלֹא אָֽמְרוּ חוֹמֶשׁ מִנְּכָסָיו לְמִצְוֹת וְרַבָּן גַּמְלִיאֵל לֹא קוֹדֶם לְאוּשָׁא הָיָה. רִבִּי יוֹסֵי בֵּי רִבִּי בּוּן בְּשֵׁם רִבִּי לֵוִי כַּךְ הָֽיְתָה הֲלָכָה בְּיָדָם וּשְׁכָחוּהָ וְעָֽמְדוּ הַשְּׁנִייִם וְהִסְכִּימוּ עַל דַּעַת הָרִאשׁוֹנִים. לְלַמְּדָךְ שֶׁכָּל־דָּבָר שֶׁבֵּית דִּין נוֹתְנִין נַפְשָׁן עָלָיו סוֹף הוּא מִתְקֵייֵם. כְּמַה שֶׁנֶּאֱמַר לְמֹשֶׁה בְּסִינַי. וַאֲתְייָא כַּיי דָּמַר רִבִּי מָנָא כִּי לֹא דָּבָר רֵק הוּא מִכֶּם. וְאִם הוּא רֵק מִכֶּם לָמָּה שֶׁאֵין אַתֶּם יְגֵיעִין בּוֹ. כִּי הוּא חַיֵּיכֶם. אֵימָתַי הוּא חַיֵּיכֶם בְּשָׁעָה שֶׁאַתֶּם יְגֵיעִין בּוֹ. Il arriva à R. Yoshbab de distribuer tous ses biens aux pauvres. R. Gamliel chargea quelqu’un de lui adresser ce reproche: n’a-t-on pas enseigné qu’il faut donner, pour les bonne œuvres, le 5ème de ses biens (non le tout)? En réalité, R. Gamliel ne peut avoir invoqué l’enseignement des Rabbins d’Ousha, puisqu’il a vécu bien avant eux31Le transfert du Sanhédrin à Ouscha eut lieu après la chute de Bethar. Voir Fränkel, Darkhé ha-Mishna, au mot R. Simon b. Gamaliel.. Aussi R. Yossé bar R. Aboun dit au nom de R. Levi32Même série, (Ketubot 8, 11) ( 33c), et ci-après (Sheviit 1, 6): cette règle avait été déjà admise par les Rabbins même avant R. Gamliel, puis elle fut presque oubliée, et des rabbins postérieurs (deux d’Ousha) l’ont rétablie plus tard, conformément à l’avis de leur prédécesseurs. Cela nous apprend que toute mesure légale adoptée par une assemblée doctrinale qui s’est passionnée pour ce sujet finit par avoir une base aussi immuable que si elle avait été dite par Moïse sur le mont Sinaï. Ceci est conforme à l’interprétation exégétique de R. Mena sur ce verset: ce n’est pas une parole vaine de votre part 32, 47); c’est-à-dire, si elle devient vaine, si elle s’annule, c’est de votre faute; et pourquoi? parce que vous ne vous donnez pas de mal pour la Loi. Puis il est dit: Elle est votre vie (ibid.); dans quelle condition l’est-elle? Si l’on s’en occupe avec zèle.
רִבִּי תַנְחוּמָא בְשֵׁם רַב הוּנָא וּבְצַלְאֵל בֶּן אוּרִי בֶּן חוּר לְמַטֶּה יְהוּדָה עָשָׂה אֶת כָּל־אֲשֶׁר צִוָּה אוֹתוֹ מֹשֶׁה אֵין כְּתִיב כַּאן אֶלָּא אֲשֶׁר צִוָּה יי֨ אֶת מֹשֶׁה אֲפִילוּ דְּבָרִים שֶׁלֹּא שָׁמַע מִפִּי רַבּוֹ הִסְכִּימָה דַּעְתּוֹ כְּמַה שֶׁנֶּאֱמַר לְמֹשֶׁה מִסִּינַי. רִבִּי יוֹחָנָן בְּשֵׁם רִבִּי בְּנָייָה כַּאֲשֶׁר צִוָּה יי֨ אֶת מֹשֶׁה עַבְדּוֹ. וְכֵן צִוָּה מֹשֶׁה אֶת יְהוֹשֻׁעַ. וְכֵן עָשָׂה יְהוֹשֻׁעַ לֹא הֵסִיר דָּבָר מִכָּל־אֲשֶׁר צִוָּה אוֹתוֹ מֹשֶׁה אֵין כְּתִיב כַּאן אֶלָָּא אֵת אֲשֶׁר צִוָּה יי֨ אֶת מֹשֶׁה. אֲפִילוּ דְּבָרִים שֶׁלֹּא שָׁמַע מִפִּי רַבּוֹ הִסְכִּימָה דַּעְתּוֹ כְּמָה שֶׁנֶּאֱמַר לְמֹשֶׁה בְּסִינַי. רִבִּי יוֹחָנָן בְּשֵׁם רִבִּי בְּנָיָה רִבִּי חוּנָה בְשֵׁם רִבִּי תּוֹרַת אֱמֶת הָֽיְתָה בְפִיהוּ. אֲפִילוּ דְּבָרִים שֶׁשָּׁמַע מִפִּי רַבּוֹ. וְעַוְלָה לֹא נִמְצָא בִשְׂפָתָיו. אֲפִילוּ דְּבָרִים שֶׁלֹּא שָׁמַע מִפִּי רַבּוֹ. R. Tanhouma au nom de R. Houna interprète le verset suivant: Betsalet fils d’Ouri, fils de Hour de la tribu de Juda, accomplit tout ce que l’Eternel avait ordonné à Moïse (Ex 38, 22); il n’est pas dit qu’il accomplit les ordres de Moïse, mais ceux de l’Eternel: c’est qu’il fait entendre par là que son esprit conçut même des ordres qui ne lui avaient pas été communiqués par son maître, mais qui avaient été donnés à Moïse sur le mont Sinaï. R. Yohanan dit encore au nom de R. Bonia, et R. Houna au nom de Rabbi: Une loi de vérité était dans sa bouche, est-il dit (Ml 2, 6); cette partie du verset comprend les paroles entendues d'un maître, mais la seconde partie du verset: il n’a pas été trouvé d’iniquité sur ses lèvres s’applique même à ce que l’on n’a pas entendu d’un maître (c’est-à-dire qu’il ne faut pas répéter inexactement ce que l’on n’a pas directement entendu).
וְרַבָּנִין אָֽמְרִין כִּי יי֨ יִהְיֶה בְכִסְלֶךָ וְשָׁמַר רַגְלְךָ מִלָּכֶד. אֲפִילוּ דְּבָרִים שֶׁאַתְּ כְּסִיל בָּהֶן וְשָׁמַר רַגְלְךָ מִלָּכֶד. רִבִּי דוֹסָא אָמַר מִן הַהוֹרָייָה. וְרַבָּנָן אָֽמְרֵי מִן הָעֲבֵירָה. רִבִּי לֵוִי אָמַר מִן הַמַּזִּיקִין. אָמַר רִבִּי אַבָּא אִם נָתַתָּ מִכִּיסְךָ צְדָקָה הַקָּדוֹש בָּרוּךְ הוּא מְשַׁמְּרָךְ מִן הַפִּיסִין וּמִן הַזִּימִיּוֹת וּמִן הַגּוּלְגּוֹלִיּוֹת וּמִן הָאַרְנוֹנִיּוֹת. Les Sages expliquent ainsi ce verset: L’Eternel sera l’objet de ta confiance et il préserve tes pas du piège (Pr 3, 26); cela veut dire qu’il sera avec toi pour les sujets que tu ignores lysk ou "non entendus du maître"); pour ceux là prends garde, est-il dit, de ne pas tomber dans un piège (de ne pas errer). De quoi faut-il se garder? Selon R. Dossa, il ne faut pas enseigner (de crainte d’erreur); selon les autres rabbins, il faut se garder du péché; selon R. Levi, il faut éviter les esprits malfaisants. R. Aba applique à ce verset une autre pensée33"Les diverses interprétations de ce verset reposent sur des variantes de ponctuation du mot BKSLD, ou sur des substitutions et même sur des soustractions de lettres en lisant par transmutation: BKYSK;": Si tu fais, dit-il l’aumône sur ta bourse syk, l’Eternel te protégera contre les impositions peisi"34Selon le Neuhebr. Wörterbuch du Dr J. Lévy, il faut voir dans le terme PIS tribut, une contraction de phoros, avec élision du R., les amendes Zhmia les impôts sur la terre et les contributions de guerre Arenon.
מוֹנְבַז הַמֶּלֶךְ עָמַד וּבִיזְבֵּז אֶת כָּל־נְכָסָיו לַעֲנִּיִּים שָֽׁלְחוּ לוֹ קְרוֹבָיו וְאָֽמְרוּ לוֹ אֲבוֹתֶיךָ הוֹסִיפוּ עַל שֶׁלָּהֶן וְעַל שֶׁל אֲבוֹתֵיהֶן. וְאַתְּ בִּיזְבַּזְתָּה אֶת שֶׁלָּךְ וְאֶת שֶׁל אֲבוֹתֶיךָ. אָמַר לָהֶן כָּל־שֶׁכֵּן אֲבוֹתַיי גָּֽנְזוּ בָאָרֶץ. וַאֲנִי גָנַזְתִּי בַשָּׁמַיִם שֶׁנֶּאֱמַר אֱמֶת מֵאֶרֶץ תִּצְמָח וְצֶדֶק מִשָּׁמַיִם נִשְׁקָף. אֲבוֹתַיי גָּֽנְזוּ אוֹצְרוֹת שֶׁאֵין עוֹשִׂין פֵּירוֹת. וַאֲנִי גָנַזְתִּי אוֹצְרוֹת שֶׁהֵן עוֹשִׂין פֵּירוֹת שֶׁנֶּאֱמַר אִמְרוּ צַדִּיק כִּי טוֹב כִּי פְרִי מַעַלְלֵיהֶם יֹאכֵלוּ. אֲבוֹתַיי כָּֽנְסוּ בְּמָקוֹם שֶׁהַיַּד שׁוֹלֶטֶת בּוֹ. וַאֲנִי כָנַסְתִּי בְּמָקוֹם שֶׁאֵין הַיַּד שׁוֹלֶטֶת בּוֹ שֶׁנֶּאֱמַר צֶדֶק וּמִשְׁפָּט מְכוֹן כִּסְאוֹ. אֲבוֹתַיי כָּֽנְסוּ מָמוֹן. וַאֲנִי כָנַסְתִּי נְפָשׁוֹת שֶׁנֶּאֱמַר וְלוֹקֵחַ נְפָשׁוֹת חָכָם. אֲבוֹתַיי כָּֽנְסוּ לַאֲחֵרִים. וַאֲנִי כָנַסְתִּי לְעַצְמִי שֶׁנֶּאֱמַר וּלְךָ תִהְיֶה צְדָקָה. אֲבוֹתַיי כָּֽנְסוּ בָּעוֹלָם הַזֶּה. וַאֲנִי כָנַסְתִּי לְעוֹלָם הַבָּא שֶׁנֶּאֱמַר וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת. וְלָא מִית אֶלָּא שֶׁלֹּא יָמוּת מִיתָה לְעָתִיד לָבוֹא. Le roi Monobaz distribua tous ses biens entre les pauvres35"Tossefta sur Pea 4; babli, Baba Batra 11a. Cf. Lightfoot sur (Matthieu 6, 1).". Ses parents lui firent dire: tes ancêtres ont amassé des trésors et les ont ajoutés aux biens de leurs devanciers, et toi, au lieu de cela, tu gaspilles tout? C’est bien pour cela, dit-il, que j’agis ainsi; mes ancêtres ont enfoui ici-bas des trésors terrestres; moi, au contraire, je veux amasser pour le ciel, comme il est dit: la vérité pousse sur terre et la justice (l’aumône) se voit du haut des cieux (Ps 85, 12); mes ancêtres ont enfoui des trésors qui ne rapportent pas de fruits, tandis que les miens en produisent, comme il est dit: célébrez les vertus de l’homme juste, il recueillera le produit de ses œuvres (Is 3,10); mes ancêtres ont amassé en un lieu que les mains humaines peuvent atteindre, mais moi j’ai choisi pour mes trésors un endroit inaccessible, car il est dit: l’équité et la justice (l’aumône) forment la base de son trône (Ps 97, 2); mes ancêtres ont réuni de l’argent et moi j’ai réuni des âmes, comme il est dit: celui qui réunit les âmes est un sage (Pr 11, 30); mes ancêtres ont amassé pour d’autres et moi pour ma vie future, selon ce qui est dit: ce sera un bienfait pour toi-même (Dt 24, 13); mes ancêtres ont amassé pour ce bas monde et moi j’ai amassé pour le monde à venir, comme il est dit: la charité sauve de la mort (Pr 10, 2). Est-ce à dire que grâce à elle l’on ne mourra pas! Non, mais la mort ne privera pas de la vie future.
צְדָקָה וּגְמִילוּת חֲסָדִים שׁוֹקֶלֶת כְּנֶגֶד כָּל־מִצְוֹתֶיהָ שֶׁל תּוֹרָה. שֶׁהַצְּדָקָה נוֹהֶגֶת בַּחַיִּים וּגְמִילוּת חֲסָדִים נוֹהֶגֶת בַּחַיִּים וּבַמֵּתִים. הַצְּדָקָה נוֹהֶגֶת לַּעֲנִיִּים וּגְמִילוּת חֲסָדִים נוֹהֶגֶת לַעֲנִיִּים וְלַעֲשִׁירִים. הַצְּדָקָה נוֹהֶגֶת בִּמְמוֹנוֹ שֶׁל אָדָם וּגְמִילוּת חֲסָדִים נוֹהֶגֶת בֵּין בִּמְמוֹנוֹ בֵּין בְּגוּפוֹ. רִבִּי יוֹחָנָן בַּר מַרְיָא בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן אֵין אָנוּ יוֹדְעִין אֵי זֶה מֵהֶן חָבִיב אוֹ צְדָקָה אוֹ גְמִילוּת חֲסָדִים כְּשֶׁהוּא אוֹמֵר וְחֶסֶד יי֨ מֵעוֹלָם וְעַד עוֹלָם עַל יְרֵאָיו וְצִדְקָּתוֹ לִבְנֵי אָדָם. הָדָא אָֽמְרָה שֶׁגְּמִילוּת חֲסָדִים חֲבִיבָה יוֹתֵר מִן הַצְּדָקָה. L’exercice de la charité ou de la bienfaisance équivaut à l’accomplissement de tous les préceptes de la loi. Seulement, la charité s’exerce en faveur des vivants, tandis que la bienfaisance s’exerce également à l'égard des morts (en leur rendant les derniers devoirs); la charité ne s’exerce qu’envers les pauvres, tandis que les bonnes œuvres (les services rendus) s’appliquent aussi bien aux riches; la charité s’exerce avec l’argent, tandis que par l’accomplissement des bonnes œuvres, on paies aussi bien de sa bourse que de sa personne. Nous ne savons, dit R. Yohanan bar Maria au nom de R. Yohanan, laquelle des deux, la charité ou la bienfaisance, est préférable; mais, comme il est écrit: la grâce de Dieu (le bienfait) s’étendra de génération en génération sur ceux qui le craignent et sa justice (l’aumône) sur ses petits-fils (Ps 103, 17), cette différence d’étendue prouve que les services rendus sont supérieurs et mieux récompensés que la charité36"Au Shabat 127a, on énumère encore d'autres bonnes œuvres; comp. Nedarim 39b." et même que l’étude de la loi - sa récompense ne s’étend qu’à la deuxième génération, (Dt 11, 21).
וְתַלְמוּד תּוֹרָה. שָׁאֲלוּ אֶת רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ מַהוּ שֶׁיְּלַמֵּד אָדָם אֶת בְּנוֹ יְווָנִית. אָמַר לָהֶם יְלַמְּדֶנּוּ בְשָׁעָה שֶׁאֵינָהּ לֹא יוֹם וְלֹא לַיְלָה דִּכְתִיב וְהָגִיתָ בוֹ יוֹמָם וְלָֽיְלָה. מֵעַתָּה אָסוּר לְאָדָם לְלַמֵּד אֶת בְּנוֹ אוּמָנוּת בְּגִין דִּכְתִיב וְהָגִיתָ בוֹ יוֹמָם וְלָֽיְלָה וְהָתַנִּי רִבִּי יִשְׁמָעֵאל וּבָחַרְתָּ בַחַיִּים זוּ אוֹמָנוּת. רִבִּי בָּא בְּרֵיהּ דְּרִבִּי חִייָא בַּר ווָא רִבִּי חִייָא בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן מִפְּנֵי הַמְּסוֹרוֹת. רִבִי אַבָּהוּ בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן מוּתָּר לְאָדָם לְלַמֵּד אֶת בִּתּוֹ יְווָנִית מִפְּנֵי שֶׁהוּא תַכְשִׁיט לָהּ. שְׁמַע שִׁמְעוֹן בַּר ווָה אֲמַר בְּגִין דּוּ בְּעָה מַלְפָה בְּנָתֵיהּ הוּא תְּלִי לֵיהּ בְּרִבִּי יוֹחָנָן. יָבֹא עָלַי אִם שְׁמַעְתִּיהָ מֵרִבִּי יוֹחָנָן. On demanda à R. Josué37"Cf. même série, (Sota 9, 17), ( 24e); babli, Menahot 99b. Tossefta sur Avoda Zara 1.": peut-on faire apprendre la langue littéraire38Le grec vulgaire, langage usité alors en Palestine, était défectueux. grecque à son fils? On l’enseignera, répondit-il, lorsqu’il ne fera ni jour ni nuit (presque jamais), puisqu’il est dit: tu étudieras la Loi (et rien de profane) jour et nuit (Jos 1, 8). Est-ce dire, en invoquant ce même verset, que l’on ne doive pas enseigner un métier à son fils (l’étude de la Loi est-elle exclusive)? -Non, et l’on a appris au contraire que, selon R. Ismaël, la Bible recommande l’exercice d’une profession manuelle par les mots: tu choisiras la vie (Dt 30, 19). Selon R. Aba fils de R. Hiya, ou R. Hiya au nom de R. Yohanan39"Même série (Shabat 6, 1) ( 7d); (Avoda Zara 2, 2) ( 41a).", on a interdit l’enseignement du grec (non à titre d’étude profane), pour éviter les calomnies et les faux rapports qui pourraient être faits (déloyalement) par cette langue étrangère. R. Abahou dit au nom de R. Yohanan: il est permis à l’homme d’enseigner le grec à sa fille, parce que pour elle le langage pur est un ornement (sans danger). Simon bar Wawa entendit émettre cette opinion: comme ce rabbin désirait faire apprendre à ses filles la langue grecque, il attribua à R. Yohanan l’autorisation de le faire. Je jure bien, répliqua R. Abahou, ne pas l’avoir entendu dire par R. Yohanan40Voir Zeltner, Dissertatio de foeminis ex hebroea gente eruditis, 19..
כִּיבּוּד אַב וָאֵם. רִבִּי אַבָּהוּ בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן שָׁאֲלוּ אֶת רִבִּי אֱלִיעֶזֶר עַד הֵיכַן̇ הוּא כִּיבּוּד אַב וְאֵם. אָמַר לָהֶן וְלִי אַתֶּם שׁוֹאֲלִין לְכוּ וְשַׁאֲלוּ אֶת דָּמָה בֶן נְתִינָה. דָּמָה בֶן נְתִינָה רֹאשׁ פַּטֵרבּוּלֵי הָיָה. פַּעַם אַחַת הָֽיְתָה אִמּוֹ מְסַטְּרָתוֹ בִּפְנֵי כָּל־בּוּלֵי [שֶׁלּוֹ] וְנָפַל קוֹרְדִּקוֹן שֶׁלָּהּ מִיָּדָהּ וְהוֹשִׁיט לָהּ שֶׁלֹּא תִצְטָעֵר. אָמַר רִבִּי חִזְקִיָּה גּוֹי אַשְׁקְלוֹנִי הָיָה וְרֹאשׁ פַּטֵרבּוּלֵי הָיָה וְאֶבֶן שֶׁיָּשַׁב עָלֶיהָ אָבִיו לֹא יָשַׁב עָלֶיהָ מִיָּמָיו. וְכֵיוָן שֶׁמֵּת אָבִיו עָשָׂה אוֹתָה יִרְאָה שֶׁלּוֹ. פַּעַם אַחַת אָֽבְדָה יָֽשְׁפֶה שֶׁל בִּנְיָמִן. אָֽמְרוּ מַאן דְּאִית לֵיהּ טָבָא דִּכְווָתָהּ. אָֽמְרוּ אִית לְדָמָה בֶּן נְתִינָה. אָֽזְלוּן לְגַבֵּיהּ וּפָֽסְקוּ עִמֵּיהּ בְּמֵאָה דֵּינָר סְלִיק בְּעִי מַייְתָהּ לָהוּ וְאַשְׁכָּח אָבוּהּ דָּמִיךְ וְאִית דַּאֲמְרִין מַפְתְחָא דְּתֵיבוּתָא הֲוָה יְתִיב גַּו אֶצְבְּעָתֵיהּ דְּאָבוֹי. וְאִית דַּמְרִין רִיגְלֵיהּ דְּאָבוּהּ הֲווַת פְּשִׁיטָא עַל תֵּיבוּתָא. נְחַת לְגַבּוֹן אֲמַר לוֹן לָא יְכִילִית מַיְיתוּתֵיהּ לְכוֹן. אָֽמְרוּ דִּילְמָא דּוּ בְּעִי פְרִיטִין טוּבָן אַסְקוּנֵיהּ לְמָאתַיִם אַסְקוּנֵיהּ לְאֶלֶף. כֵּיוָן דְּאִיתְעִיר אָבוּהּ מִן שִׁינְתֵּיהּ סְלִק וְאֵייתוֹתֵיהּ לוֹן. בְעוּ מַייְתוּן לֵיהּ כִּפְסִיקוּ לֵיהּ אֲחַרָייָא וְלָא קְבִיל עָלוֹי. אֲמַר מַה אֲנָא מַזְבִּין לְכוֹן אִיקְרָא דְּאָבָהָתִי בִפְרִיטִין אֵינִי נֶהֱנֶה מִכְּבוֹד אֲבוֹתַיי כְּלוּם. מַה פָרַע לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שָׂכָר. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי בֵּי רִבִּי בוּן בּוֹ בַלַּיְלָה יָֽלְדָה פָרָתוֹ פָרָה אֲדוּמָה. וְשָֽקְלוּ לוֹ יִשְׂרָאֵל מִשְׁקָלָהּ זָהָב וּנְֽטָלוּהָ. אָמַר רִבִּי שַׁבְּתָי כְּתִיב וּמִשְׁפָּט וְרֹב צְדָקָה לֹא יַעֲנֶה. אֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מַשְׁהֵא מַתַּן שְׂכָרָן שֶׁל עוֹשֵׂי מִצְוֹת בַּגּוֹיִם. Le devoir d’honorer ses parents”. R. Abahou, au nom de R. Yohanan, rapporte que l’on demanda à R. Eliézer41Ibid. (Qidushin 1, 7) jusqu’où va l’obligation d’honorer son père et sa mère. C’est à moi, dit-il, que vous adressez cette question? Il faut le demander à Dama ben Netina. Ce dernier qui était juge en chef pater boulh" fut un jour42"Babli, Qidushin 31b; Avoda Zara 23b; Pesikta Rabba. 23, 11." frappé au visage par sa mère d’un coup de sandale, en présence de tout le conseil; et, comme la sandale tomba à terre, il la ramassa et la tendit à sa mère, pour qu’elle n’eût pas la peine de se baisser. – R. Hiskia raconte un autre exemple de ce genre: il y avait à Ascalon un païen, occupant le même titre juridique; il ne s’était jamais assis sur la pierre qui servait de siège à son père, et à la mort de dernier, il en fit un objet de vénération. De plus, un jour la pierre (hpcy) (du pectoral du grand-prêtre) pour la tribu de Benjamin43(Ex 28, 20). se perdit. Qui a, demanda-t-on, une aussi belle pierre et semblable? Dama-ben-Netina, répondit-on, en a une pareille. On se rendit chez lui, et on conclut le marché au prix de cent dinars. Il sortit donc pour la rapporter, mais il trouva son père endormi auprès d’elle; selon d’autres, la clef de la boîte (qui la contenait) se trouvait sous les doigts de son père; ou, selon d’autres, les pieds de son père étaient étendus sur cette boîte, sise auprès de lui; et il revint dire: je ne puis vous l’apporter (faire la livraison promise). Peut-être, se dirent les acheteurs, veut-il plus d’argent: offrons-lui donc 200 pièces. Ils allèrent jusqu’à lui offrir mille pièces, mais ce fut en vain. Lorsque le père fut éveillé, Dama alla chercher l’objet vendu et le remit aux acquéreurs. Ceux-ci voulurent alors lui remettre le dernier prix offert; mais Dama le refusa en disant: “je vous vendrais, si j’acceptais, le salaire de l’honneur que j’ai rendu à mon père; ce n’est pas à prix d’argent que j’entends jouir de l’accomplissement d’un devoir.” Comment Dieu l’en récompensa-t-il? Cette même nuit, dit R. Yossé fils de R. Aboun, sa vache mit au monde une génisse rousse (qui est d’une extrême rareté et devant servir au Temple pour les eaux lustrales, (Nombres19); et tout Israël, pour l’acquérir, vint la payer son pesant d’or44Babli, Qidushin 31a.. R. Shabtaï en effet interprète ainsi le verset suivant (Jb 37, 23): il est le droit, abondant en justice, il ne tyrannise pas45Au mot YAANE de ce verset, l'exégète attribue le sens d'empêcher, obvier, et cela signifie ceci: il n'attarde pas.; cela signifie que l’Eternel ne tarde pas à accorder la récompense due à ceux qui accomplissent ses préceptes parmi les nations étrangères (pour les Israélites, elle est réservée à la vie future).
אִמּוֹ שֶׁל רִבִּי טַרְפוֹן יָֽרְדָה לְטַייֵל לְתוֹךְ חֲצֵירָהּ בְּשַׁבָּת. וְהָלַךְ רִבִּי טַרְפוֹן וְהִנִּיחַ שְׁתֵּי יָדָיו תַּחַת פַּרְסוֹתֶיהָ וְהָֽיְתָה מְהַלֶּכֶת עֲלֵיהֶן עַד שֶׁהִגִּיעָה לְמִיטָּתָהּ. פַּעַם אַחַת חָלָה וְנִכְנְסוּ חֲכָמִים לְבַקְּרוֹ אָֽמְרָה לָהֶן הִתְפַּלְלוּ עַל טַרְפוֹן בְּנִי שֶׁהוּא נוֹהֵג בִּי כָּבוֹד יוֹתֵר מִדַּאי. אָֽמְרוּ לָהּ מַהוּ עֲבַד לֵיךְ וְתַנְייַת לְהוֹן עוּבְדָּא אָֽמְרוּ לָהּ אֲפִילוּ עוֹשֶׂה כֵן אֶלֶף אֲלָפִים אַדַּייִן לַחֲצִי כָבוֹד שֶׁאָֽמְרָה תוֹרָה לֹא הִגִּיעַ. Le samedi, la mère de R. Tarfon descendait se promener dans la cour. Aussitôt, R. Tarfon allait étendre ses mains sous ses pas, et elle pouvait marcher ainsi jusqu’à son retour au lit. Un jour, il tomba malade, et les Sages vinrent lui rendre visite. -Priez pour mon fils Tarfon, dit-elle; il me rend des honneurs outre mesure. Que te fait-il donc, demandèrent-ils? Elle leur raconta comment il s’était conduit. S’il faisait mille fois plus encore, répondirent-ils, il remplirait à peine la moitié des obligations qu’il te doit.
אִמּוֹ שֶׁל רִבִּי יִשְׁמָעֵאל בָּאָה וְקָֽבְלָה עָלָיו לְרַבּוֹתֵינוּ אָמַר לָהֶן גְּעוּרוּ בְיִשְׁמָעֵאל בְּנִי שֶׁאֵינוֹ נוֹהֵג בִּי בְּכָבוֹד. בְּאוֹתָהּ שָׁעָה נִתְכַּרְכְּמוּ פְנֵיהֶן שֶׁל רַבּוֹתֵינוּ אָֽמְרוּ אֵיפְשָׁר לֵית רִבִּי יִשְׁמָעֵאל נוֹהֵג בִּכְבוֹד אֲבֹתָיו. אָֽמְרוּ לָהּ מַה עֲבַד לֵיךְ. אָֽמְרָה כְדּוּ נְפַק מִבֵּית וַועֲדָה אֲנָא בְּעָיָא מִשְׁזְגָה רִיגְלוֹי וּמִישְׁתֵּי מֵהֶן וְלָא שְׁבִיק לִי. אָֽמְרוּ לוֹ הוֹאִיל וְהוּא רְצוֹנָהּ הוּא כְבוֹדָהּ. A son tour, la mère de R. Ismaël vint se plaindre de son fils auprès des Rabbins et leur dit: Faites des reproches à mon fils Ismaël, il ne me respecte pas. A ces mots, les Rabbins pâlirent: Est-ce possible, se dirent-ils, que R. Ismaël ne remplisse pas le devoir d’honorer ses parents? Et que t’a-t-il fait? Le voici, répondit-elle: lorsqu’il sort de la maison d’études, je veux lui les laver les pieds, puis boire l’eau qui a servi à cette ablution, et il s’y refuse! Puisqu’elle le désire, dirent-ils à Ismaël, honore-la en la laissant agir à sa guise.
אָמַר רִבִּי מָנָא יְאוּת אִילֵּין טְחוֹנָיָא אָֽמְרִין כָּל־בַּר נַשׁ וּבַר נַשׁ זְכוּתֵיהּ גַּו קוּפָּתֵהּ. אִימֵּיהּ דְּרִבִּי טַרְפוֹן אֲמַר לוֹן אָכִין וַאֲגִיבוּנָהּ אָכִין. אִימֵּיהּ דְּרִבִּי יִשְׁמָעֵאל אֲמַר לוֹן אָכִן וַאֲגִיבוּנָהּ אָכִן. רִבִּי זְעִירָא הֲוָה מִצְטָעֵר וַאֲמַר הַלְּוַאי הָיָה לִי אַבָּא וְאִימָּא דְּאִיקְרִינְהוֹן דְּנִירַת גַּן עֵדֶן. כַּד שְׁמַע אִילֵּין תַּרְתֵּין אוּלְפָּנָיא אֲמַר בְּרִיךְ רַחְמָנָא דְּלֵית לִי לָא אַבָּא וְאִימָּא. לָא כְּרִבִּי טַרְפוֹן הֲוָה יְכִילְנָא עֲבִיד וְלָא כְּרִבִּי יִשְׁמָעֵאל הֲוִינָא מְקַבְּלָה עָלָי. אָמַר רִבִּי אָבוּן פָּטוּר אֲנִי מִכִּיבּוּד אָב וְאֵם. אָֽמְרוּ כַּד עִבְּרָת לֵיהּ אִימֵּיהּ מִית אָבוֹי כַּד יְלָדְתֵיהּ מֵיתָת. Les meuniers, dit à ce propos R. Mena, ont un beau proverbe: chaque homme, disent-ils, moud le blé à sa manière, et remporte avec lui ses vertus et ses mérites particuliers. Or, à R. Tarfon, malgré sa belle conduite, on répondit qu’il n’avait rempli que la moitié de ses devoirs, tandis que R. Ismaël devait honorer sa mère en lui laissant boire de l’eau sale (ce devoir comporte donc des bizarreries). Jusqu’à ce jour R. Zeira s’était affligé et avait dit: pourquoi n’ai-je plus mon père et ma mère? Je voudrais les honorer, afin de goûter plus tard les splendeurs de l’Eden! Mais lorsqu’il eut connaissance des deux exemples précités, il s’écria: je rends presque grâce à Dieu d’avoir tout jeune perdu mes parents, car je n’aurais pas su agir comme Tarfon et je n’aurais pas pu prendre sur moi d’agir comme R. Ismaël. Moi, dit R. Aboun, hélas, j’ai toujours été dispensé du devoir d’honorer mes parents. Comment cela? C’est que, peu après la grossesse de ma mère, mon père mourut, et peu après ma naissance, elle mourut à son tour. –
יֵשׁ שֶׁהוּא מַאֲכִיל אֶת אָבִיו פְּטוּמוֹת וְיוֹרֵשׁ גְּיהִנָּם וְיֵשׁ שֶׁהוּא כוֹדְנוֹ בָּרֵיחַיִם וְיוֹרֵשׁ גַּן עֵדֶן. כֵּיצַד מֵאֲכִיל אֶת אָבִיו פְּטוּמוֹת וְיוֹרֵשׁ גְּהִנָּם. חַד בַּר נַשׁ הֲוָה מַייכִיל לְאָבוֹי תַּרְנוֹגַלִּין פְּטִימִין. חַד זְמָן אֲמַר לֵיהּ אָבוֹי בְּרִי אִילֵּין מְנָן לָךְ. אֲמַר לֵיהּ סַבָּא סַבָּא אֲכוֹל וַאֲדִישׁ דִּכְלָבָיָא אָֽכְלִין וּמְדִשִׁין. נִמְצָא מַאֲכִיל אֶת אָבִיו פְּטוּמוֹת וְיוֹרֵשׁ גְּיהִנָּם. כֵּיצַד כּוֹדְנוֹ לְרֵיחַיִם וְיוֹרֵשׁ גַּן עֵדֶן. חַד בַּר נַשׁ הֲוָה אִיטְחִין בְּרֵיחָיָא אֲתַת מִצְוָה לַטֲחוֹנִייָא. אֲמַר לֵיהּ אַבָּא עוּל טְחוֹן תַּחְתָּיי. אִין מָטַת מְבַזְּייָא טַב לִי אֲנָא וְלָא אַתְּ. אִין מָטַות מִילְקִי טַב לִי אֲנָא וְלָא אַתְּ. נִמְצָא כּוֹדְנוֹ בָּרֵיחַיִם וְיוֹרֵשׁ גַּן עֵדֶן. Tantôt, tout en faisant manger à son père des volailles grasses on mérite l’enfer; tantôt en l’attachant au moulin, on mérite le paradis. Comment la première hypothèse est-elle possible? Un homme fait manger à son père des coqs gras exquis. Un jour, son père lui dit: mon fils, où as-tu gagné de quoi te procurer cette belle volaille? Que t’importe, vieillard, répond le fils, mange et tais-toi, de même que les chiens mangent sans rien dire; ce manque de respect est pire que tout, le fils est blâmable. Dans quel cas, la seconde hypothèse a-t-elle lieu? Un homme est meunier; l’ordre arrive à tous les meuniers de se rendre au service du roi. Père, lui dit alors son fils, va moudre à ma place, et je te remplacerai au service; s’il nous arrive de la part du roi, quelque injure, je préfère la subir pour toi; s’il s’agit de condamnation aux coups, je préfère les supporter pour toi; un tel fils aura bien mérité le paradis dans la vie future.
נֶאֱמַר אִישׁ אִמּוֹ וְאָבִיו תִּירָאוֹ וְנֶאֱמַר אֶת יי֨ אֱלֹהֶיךָ תִירָא וְאוֹתוֹ תַעֲבוֹד. הֵקִישׁ מוֹרָא אָב וְאֵם לְמוֹרָא שָׁמַיִם. נֶאֱמַר כַּבֵּד אֶת אָבִיךָ וְאֶת אִמֶּךָ וְנֶאֱמַר כַּבֵּד אֶת יי֨ מֵהוֹנֶךָ. הֵקִישׁ כִּיבּוּד אָב וְאֵם לְכִיבּוּד הַמָּקוֹם. נֶאֱמַר וּמְקַלֵּל אָבִיו וְאִמּוֹ מוֹת יוּמָת. וְנֶאֱמַר אִישׁ אִישׁ כִּי יְקַלֵּל אֱלֹהָיו וְנָשָׂא חֵטְאוֹ. הֵקִישׁ קִלְלַת אָב וְאֵם לְקִילְלַת הַמָּקוֹם. אֲבָל אֵי אֶיפְשָׁר לוֹמַר מַכֶּה כְּלַפֵּי לְמַעֲלָן. וְכֵן בְּדִין מִפְּנֵי שֶׁשְּׁלָשְׁתָּן שׁוּתָפִין בּוֹ. Il est écrit (Lv 19, 3): chacun d’entre vous devra respecter son père et sa mère; et il est dit (Dt 6, 13): tu craindras l’Eternel ton Dieu et tu le serviras; on voit, par l’analogie des termes, que l’on compare et place au même degré le respect des parents et la crainte de Dieu. Il est dit aussi (Ex 20, 12): Honore ton père et ta mère, et il est dit ailleurs (Pr 3, 9): Honore Dieu par ta fortune: c’est qu’il y a analogie entre ces deux sortes de vénérations. Il est dit (Ex 21, 17): Celui qui maudirait son père ou sa mère devra mourir; et il dit ailleurs (Lv 24, 15): Si quelqu’un maudit ses juges, il sera condamnable; c’est que la malédiction envers les parents est égale au blasphème de la divinité46"Voir Wayyikra rabba, 36; bamidbar rabba, 14; Yérushalmi, (Qidushin 1, 7) ( 61b); Babli, ib. ( 30b).". Mais il va sans dire qu’on ne saurait établir la comparaison avec la mauvaise action de frapper ses parents, puisque cette idée est inadmissible à l’égard du ciel (celui-ci pourtant est blessé), et c’est de toute justice47Voir plus loin, (Kilayim 8, 4) ( 31c)., puisqu’il y a corrélation entre la vénération de Dieu et celle des parents, de même qu’ils sont tous trois réunis ou associés pour la génération des enfants (sans le souffle divin, l’enfant ne saurait vivre).
אֵי זֶהוּ מוֹרָא. לֹא יוֹשֵׁב בִּמְקוֹמוֹ וְלֹא מְדַבֵּר בִּמְקוֹמוֹ וְלֹא סוֹתֵר אֶת דְּבָרָיו. אֵי זֶה הוּא כִיבּוּד. מַאֲכִיל וּמַשְׁקֶה מַלְבִּישׁ וּמַנְעִיל מַכְנִיס וּמוֹצִיא. מִן דְּמַאן הוּנָא בַּר חִייָא אָמַר מִשֶּׁל זָקֵן. וְאִית דְּבָעֵי מֵימַר מִשֶּׁלּוֹ. לֹא כֵן אָמַר רִבִּי אַבָּהוּ בְשֵׁם רִבִּי יוֹסֵי בֶּן חֲנִינָה מְנַייִן אֲפִילוּ אָמַר לוֹ אָבִיו הַשְׁלֵךְ אֶת הָאַרְנַק לַיָּם שֶׁיִּשְׁמַע לוֹ בְּהַהוּא דְּאִית לֵיהּ חוֹרִין וּבְעוֹשֶׂה הֲנָחַת רוּחַ שֶׁל אָבִיו. En quoi consiste le respect envers les parents: A ne pas s’asseoir à leur place, ni parler pour eux au conseil, ni les contredire. En quoi consiste la vénération? A leur donner à manger, à boire, de quoi se vêtir et se chausser, et à les aider pour entrer ou sortir. Qui en payera les frais? Selon Houna bar Hiya, c’est le père; selon d’autres, le fils y pourvoit. A l’appui de cette dernière opinion, on cite l’avis de R. Abahou, exprimé au nom de R. Yossé ben Hanina: dans quel cas, dit-il, faut-il écouter son père, même s’il donne l’ordre de jeter des bourses d’or (ou des pelleteries précieuses) à la mer? S’il en a d’autres, ou si cela fait seulement plaisir au père (il doit sacrifier son argent pour lui).
אֶחָד הָאִישׁ וְאֶחָד הָאִשָּׁה. אֶלָּא שֶׁהָאִישׁ סִפֵּיקָה בְיָדוֹ וְהָאִשָּׁה אֵין סִפֵּיקָה בְיָדָהּ. מִפְּנֵי שֶׁיֵּשׁ רְשוּת לַאֲחֵרִים עָלֶיהָ. נִתְאַרְמְלָה אוֹ נִתְגָּֽרְשָׁה כְּמִי שֶׁהִיא סִפֵּיקָה בְיָדָהּ הִיא. Aussi bien l’homme que la femme, sont tenus à cette vénération; seulement l’homme en a la libre faculté (nul ne peut l’en détourner), mais la femme n’est pas aussi libre, parce qu’elle est sous la domination de son mari. Si elle est devenue veuve ou si elle a été répudiée, cela dépend de sa propre initiative, raison de sa liberté.
מִילְתֵיהּ דְּרִבִּי חִייָא בַּר ווָא [פְלִיגֵי דְּאָמַר רִבִּי חִייָא בַּר בָּא תַּנִּי רִבִּי יוּדָן בַּר בְּרַתֵּיהּ] דְּרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחָי דְּתַנִּי רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחָי אוֹמֵר גָּדוֹל הוּא כִּיבּוּד אָב וָאֵם שֶׁהֶעֱדִיפוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא יוֹתֵר מִכִּיבּוּדוֹ. נֶאֱמַר כַּבֵּד אֶת אָבִיךָ וְאֶת אִמֶּךָ וְנֶאֱמַר כַּבֵּד אֶת יי֨ מֵהוֹנֶךָ. מִמָּה אַתְּ מְכַבְּדוֹ מִשֶּׁיְחָֽנְנָךְ מַפְרִישׁ לֶקֶט שִׁכְחָה וּפֵיאָה מַפְרִישׁ תְּרוּמָה וּמַעֲשֵׂר רִאשׁוֹן וּמַעֲשֵׂר שֵׁינִי וּמַעֲשֵׂר עָנִי וְחַלָּה וְעוֹשֶׂה סוֹכָּה וְלוּלָב וְשׁוֹפָר וּתְפִילִין וְצִיצִּית וּמַאֲכִיל אֶת הָעֲנִיִּים וְאֶת הָרְעֵיבִים וּמַשְׁקֶה אֶת הַצְּמֵיאִים. אִם יֵשּׁ לָךְ אַתְּ חַייָב בְּכָל־אֵילוּ. וְאִם אֵין לָךְ אֵין אַתְּ חַייָב בְּאַחַת מֵהֶן. אֲבָל כְּשֶׁהוּא בָּא אֵצֶל כִּיבּוּד אָב וְאֵם בֵּין שֶׁיֵּשׁ לָךְ הוֹן בֵּין שֶׁאֵין לָךְ הוֹן כַּבֵּד אֶת אָבִיךָ וְאֶת אִמֶּךָ וַאֲפִילוּ אַתְּ מְסַבֵּב עַל הַפְּתָחִים. Au contraire de cet avis (celui que vient d’exprimer R. Houna bar Hiya), il y a celui de R. Hiya bar Wawa, à savoir que R. Judan, petit-fils de R. Simon ben Yohaï, dit au nom de ce dernier: le devoir d’honorer ses parents est si grand, que Dieu l’a déclaré supérieur aux honneurs qui lui sont dus. Il est dit, d’une part: Honore ton père et ta mère, et d’autre part: Honore l’Eternel par ta fortune48Jeu de mots roulant sur la confusion des lettres HE et HET. Comp. Ci-après, (7, 10). Par quoi faut-il l’honorer? Par les biens dont il t’a favorisé; ainsi, il faut prélever sur les produits de la terre, le glanage, l’oubli, la pea, l’oblation sacerdotale, la dîme aux lévites, la seconde dîme, celles des pauvres, le prélèvement sur la pâte; on fait la Suka le lulav, on sonne du Shofar, on porte des phylactères, des Tsitsit; on donne à manger aux pauvres, aux affamés, et l’on donne à boire à ceux qui ont soif. Celui qui a quelque bien est seul obligé de remplir tous ces devoirs; mais si l’on n’a rien, l’on ne peut pas y être tenu, tandis que pour le devoir des honneurs à rendre aux parents, il faut le remplir, que l’on soit fortuné ou non, et fut-on dans l’obligation de mendier aux portes49"Donc, le fils doit y pourvoir, contrairement à l'avis de Houna bar Hiya; V. Questions et réponses (casuistique), de R. David ben Zimra, 2ème partie, n° 663.".
רִבִּי אָחָא בְשֵׁם רִבִּי אַבָּא בַּר כֲּהָנָא כְּתִיב אוֹרַח חַיִּים פֶּן תְּפַלֵּס נָעוּ מַעְגְּלוֹתֶיהָ וְלֹא תֵדָע. טִילְטֵל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מַתַּן שְׂכָרָן שֶׁל עוֹשֵׂי מִצְוֹת כְּדֵי שֶׁיְּהוּ עוֹשִׂין אוֹתָן בֶּאֱמוּנָה. רִבִּי אָחָא בְשֵׁם רִבִּי יִצְחָק כְּתִיב מִכָּל־מִשְׁמָר נְצוֹר לִבֶּךָ כִּי מִמֶּנּוּ תוֹצְאוֹת חַיִּים. מִכָּל־מַה שֶׁאָֽמְרוּ לָךְ בַּתּוֹרָה הִשָּׁמֵר שֶׁאֵין אַתְּ יוֹדֵעַ מֵאֵי זֶה מֵהֶן יוֹצֵא לְךָ חַיִּים. אָמַר רִבִּי בָּא בַּר כֲּהָנָא הִשְׁוָה הַכָּתוּב מִצְוָה קַלָּה שֶׁבְּקַלּוֹת לְמִצְוָה חֲמוּרָה שֶׁבַּחֲמוּרוֹת. מִצְוָה קַלָּה שֶׁבְּקַלּוֹת זֶה שִׁילּוּחַ הַקַּן. וּמִצְוָה חֲמוּרָה שֶׁבַּחֲמוּרוֹת זֶה כִּיבּוּד אָב וְאֵם. וּבִשְׁתֵּיהֶן כְּתִיב וְהַאֲרַכְתָּ יָמִים. אָמַר רִבִּי אָבוּן וּמָה אִם דָּבָר שֶׁהוּא פְרִיעַת הַחוֹב כְּתִיב בּוֹ לְמַעַן יִיטַב לָךְ וּלְמַעַן יַאֲרִיכוּן יָמֶיךְ. דָּבָר שֶׁיֵּשׁ בּוֹ חִסָּרוֹן כִּיס וְסִיכּוּן נְפָשׁוֹת לֹא כָּל־שֶׁכֵּן. אָמַר רִבִּי לֵוִי וְהוּא דְּרַבָּה מִנָהּ גָּדוֹל הוּא דָּבָר שֶׁהוּא בִּפְרִיעַת חוֹב מִדָּבָר שֶׁאֵינוֹ בִּפְרִיעַת חוֹב. תַּנִּי רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחָי כְּשֵׁם שֶׁמַּתַּן שְׂכָרָן שָׁוֶה כָּךְ פּוּרְעָנוּתָן שָׁוֶה. מַה טַעַם עַיִן תִּלְעַג לְאָב וְתָבוּז לִקֲּהַת אֵם. עַיִן שֶׁהִלְעִיגָה עַל כִּיבּוּד אָב וְאֵם וּבִיזָּת עַל לֹא תִקַּח הָאֵם עַל הַבָּנִים יִקְּרָוּהָ עוֹרְבֵי נַחַל יָבוֹא עוֹרֵב שֶׁהוּא אַכְזָרִי וְיִקְּרֶנָּה וְאַל יֶהֱנֶה מִמֶּנָּה. וְיֹאכְלוּהָ בְּנֵי נֶשֶׁר. יָבוֹא נֶשֶׁר שֶׁהוּא רַחֲמָן וְיֹאכְלֶנָּה וְיֶהֱנֶה מִמֶּנָּה. R. Aha, au nom de R. Aba bar Cahana, interprète le verset suivant: Déterminerais-tu le sentier de la vie? Ses pas t’égarent sans que tu le saches (Pr 5, 6); cela signifie, selon lui, que l’Eternel enlève la récompense de ceux qui suivent ses préceptes, afin qu’ils les accomplissent avec sincérité50"Sans arrière-pensée de dédommagement. Voir Midrash, sur les (Ps n° 9; Debarim rabba, 3; Grande Pesitka, 25". R. Aha, au nom de R. Isaac, explique ce verset (Pr 4, 23): Plus que tout ce qui doit être gardé, observe ton cœur, car de lui viennent les sources de la vie; c’est-à-dire garde-toi d’oublier aucune des prescriptions de la Loi51Ce rabbin suppose, une abréviation dans le terme du verset précité: MISHMAR (ce qui doit être gardé)., car tu ignores de laquelle la vie peut sortir pour toi. R. Aba bar Cahana dit: l’Ecriture-Sainte a placé au même degré le moins grave des préceptes peu importants à côté du plus grave d’entre tous52Voir Sifri, 80, et Devarim rabba, 7.: le précepte le plus léger et le plus facile à accomplir de tous, est le renvoi d’une mère hors du nid, lorsque l’on prend ses poussins (Dt 22, 6-7), et le précepte le plus grave entre tous, est le devoir d’honorer ses parents (au point qu’il forme le cinquième commandement du Décalogue); et, pourtant, il n’y a pour les deux préceptes que la même promesse finale: tes jours seront prolongés. R. Aboun dit: si, pour la restitution d’une dette morale (due par les enfants envers leurs parents qui les ont élevés), il est écrit: afin que tu sois heureux et que tes jours soient prolongés (Ex 20, 16), à plus forte raison, doit-il en être de même pour un devoir qui entraîne une perte d’argent ou un danger (comme la circoncision, ou les jeûnes, ou le refus, sous peine de mort, de devenir idolâtre53"Il n'y a donc pas à invoquer l'analogie des récompenses entre ce qui est grave et ce qui ne n'est pas; l'issue de tous les devoirs est au fond la même, et ils ont la valeur."? Au contraire, répliqua R. Levi au premier interlocuteur, le devoir qui consiste dans la restitution d’une dette contractée (l’honneur à rendre aux parents), est plus pénible que l’accomplissement d’un précepte qui ne repose pas sur cette considération (ce dernier est volontaire devant Dieu). R. Simon bar Yohaï a enseigné: de même que la récompense est uniforme pour les deux préceptes, de même la punition est égale pour eux. Pourquoi? C’est qu’il est dit (Pr 30, 17): L’œil qui insulte son père et qui refuse l’obéissance à sa mère, que les corbeaux du torrent le percent et que les fils de l’aigle le dévorent! c’est-à-dire l’œil qui a insulté au devoir d’honorer ses parents et qui a méprisé l’obligation de renvoyer la mère du nid54Il lit le mot lakahat avec HET dans le sens de prendre (la mère)., doit être percé par les corbeaux du torrent; que ce corbeau, qui est le symbole de la cruauté, vienne le percer, sans en jouir; mais les fils de l’aigle le dévorent: que ce symbole de la générosité vienne le dévorer et en tirer profit55"Tanhouma sur Ekeb et sur Kedoschim; Hulin 110b.".
רִבִּי יוֹנָתָן וְרִבִּי יַנַּאי הֲווֹ יְתִיבִין אֲתָא חַד בַּר נַשׁ וּנְשַׁק רִיגְלוֹי דְּרִבִּי יוֹנָתָן. אֲמַר לֵיהּ רִבִּי יַנַּיי מַה טִיבוּ הֲוָה שְׁלִים לָךְ מִן יוֹמוֹי אֲמַר לֵיהּ חַד זְמָן אֲתָא קְבָל לִי עַל בְּרֵיהּ דִּיזוֹנִינֵיהּ וַאֲמְרִית לֵיהּ אֵיזִיל צוֹר כְּנִישְׁתָּא עֲלוֹי וּבְזִיתֵיהּ. אֲמַר לֵיהּ וְלָמָּה לָא כְפִיתִינֵיהּ. אֲמַר לֵיהּ וְכוֹפִין לֵיהּ. אֵמַר לֵיהּ וַאֲדַיִין אַתְּ לְזוּ. חָזַר בֵּיהּ רִבִּי יוֹנָתָן וְקָֽבְעָהּ שְׁמוּעָה מִן שְׁמֵיהּ. אֲתָא רִבִּי יַעֲקֹב בַּר אָחָא רִבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָן בְּשֵׁם רִבִּי יוֹנָתָן שֶׁכּוֹפִין אֶת הַבֶּן לָזוּן אֶת הָאָב. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי בֵּי רִבִּי בּוּן הַלִּוַאי הֲווֹן כָּל־שְׁמוּעָתָא בְּרִירִין לִי כְּהָדָא שֶׁכּוֹפִין אֶת הַבֶּן לָזוּן אֶת הָאָב. Comme R. Yonathan et R. Yanaï étaient assis ensemble, quelqu’un vint baiser les pieds de R. Yonathan. – Pour quel bienfait, dit R. Yanaï, t’est-il si reconnaissant? – C’est qu’un jour, répondit R. Yonathan, il est venu se plaindre de ce que son fils ne le nourrit pas et je lui ai promis d’amasser au besoin contre son fils tous ses amis pour le menacer du mépris public. – Mais, demanda R. Yanaï, pourquoi ne pas l’y forcer? – Je ne supposais pas que cela se pût? – Sans nul doute, ajouta R. Yanaï. Et depuis ce moment R. Yonathan établit cet avis à titre de tradition au nom de R. Yanaï. A son tour R. Jacob bar Aha ou R. Samuel bar Nahman vint dire au nom de R. Yonathan que le fils est tenu de nourrir son père56Même série, (Nedarim 9, 1) ( 41a).. -Je voudrais, ajouta R. Yossé bar R. Aboun, que toutes les traditions que j’ai recueillies fussent aussi claires que cette obligation.
וּגְמִילוּת חֲסָדִים. דִּכְתִיב רוֹדֵף צְדָקָה וָחָסֶד יִמְצָא חַיִּים צְדָקָה וְכָבוֹד. כָּבוֹד בְּעוֹלָם הַזֶּה וְחַיִּים לָעוֹלָם הַבָּא. רִבִי שְׁמוּאֵל בַּר רַב יִצְחָק הֲוָה נְסִיב שִׁיבֶּשְׁתֵּיהּ וַהֲוָה מְקַלֵּס קוֹמֵי כַּלָּיָא. וַהֲוָה רִבִּי זְעִירָא חֲמִי לֵיהּ וּמִיטָּמָר מִן קוֹמוֹי אֲמַר חֲמֵי לְהַדֵּין סַבָּא אֵיךְ הוּא מַבְהֵית לֹן. וְכֵיוָן דִּדְמָךְ הֲוָה תְלַת שָׁעִין קָלִין וּבְרָקִין בְּעָֽלְמָא. נַפְקַת בְּרַת קָלָא וְאָֽמְרָת דְּמָךְ רִבִי שְׁמוּאֵל בַּר רַב יִצְחָק גְּמִיל חֲסָדָיָא נַפְקוּן לְמִיגְמוֹל לֵיהּ חֶסֶד. נְחָתַת אֵישְׁתָא מִן שְׁמַיָּא וְאִיתְעֲבִידַת כְּמִין שִׁבְּשָׁא דְּנוּר בֵּין עַרְסָא לְצִיבּוּרָא וַהֲווֹן בִּרְייָתָא אָֽמְרִין חִיוֵי דְּדֵין סַבָּא דְּקָמַת לֵיהּ שִׁבֶּישְׁתֵּיהּ. Les bonnes œuvres.” Il est écrit (Pr 21, 21): celui qui poursuit la justice et la droiture trouvera la vie, l’équité et l’honneur; c’est-à-dire, l’honneur en ce monde et la vie dans le monde futur. R. Samuel bar Isaac prenait des branches de myrthe et dansait gaiement au-devant des fiancés (lorsqu’ils se rendaient au temple recevoir la bénédiction nuptiale). Lorsque R. Zeira le voyait, il se détournait de lui, le blâmait, en disant: voyez comme ce vieillard nous fait rougir par sa conduite peu digne. A la mort de ce rabbin, il y eut en ce monde trois heures d’orage, d’éclairs et de tonnerres; on entendit alors une voix céleste s’écrier: R. Samuel bar R. Isaac, celui qui rendait des services, est mort. On vint alors rendre les derniers devoirs au défunt, un feu descendit ensuite du ciel, représentant un myrthe enflammé, qui séparait le lit funèbre de ceux qui l’entouraient. A cette vue, des personnes s’écrièrent: Ah! voyez quel est le mérite de ce vieillard57"Béreshit rabba, 29; même série, Avoda Zara 1, (42c). Babli, Ketubot 17b.", dont le myrthe (ou la folie) survit toute resplendissante en ce moment!
וַהֲבָאַת שָׁלוֹם בֵּין אָדָם לַחֲבֵירוֹ. כְּתִיב סוּר מֵרָע וַעֲשֵׂה טוֹב בַּקֵּשׁ שָׁלוֹם וְרָדְפֵיהוּ. בַּקְּשֵׁיהוּ בִּמְקוֹמָךְ וְרָדְפֵיהוּ בְּמָקוֹם אַחֵר. אָמַר רִבִּי טַבְיוֹמָא נֶאֱמָר רְדִיפָה רְדִיפָה. מַה רְדִיפָה שֶׁנֶּאֱמָר לְהַלָּן כָּבוֹד בְּעוֹלָם הַזֶּה וְחַיִּים לָעוֹלָם הַבָּא. Le rétablissement de la paix entre l’homme et son prochain.” Il est écrit (Ps 34, 15): Ecarte-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la; c’est-à-dire, recherche-la où tu te trouves et va au-devant d’elle dans d’autres lieux58"Wagyrikra rabba, 9; Bamidbar rabba, 19.". R. Tabiomé établit une comparaison entre l’expression poursuis employée dans ce verset et celle du verset cité plus haut (des Proverbes), et il en conclut qu’ici aussi il en résultera pour l’homme l’honneur en ce bas monde et la vie dans le monde futur.
וְתַלְמוּד תּוֹרָה. רִבִּי בְּרֶכְיָה וְרִבִּי חִייָא דִּכְפַר תְּחוּמִין חַד אָמַר אֲפִילוּ כָּל־הָעוֹלָם כּוּלּוֹ אֵינוֹ שָׁוֶה אֲפִילוּ לְדָבָר אֶחָד מִן הַתּוֹרָה. וְחַד אָמַר אֲפִילוּ כָּל־מִצְוֹתֶיהָ שֶׁל הַתּוֹרָה אֵינָן שָׁווֹת לְדָבָר אֶחָד מִן הַתּוֹרָה. רִבִי תַּנְחוּמָה וְרִבִּי יוֹסֵי בֶּן זִימְרָא חַד אָמַר כְּהָדָא. וְחַד אָמַר כְּהָדָא. רִבִּי אַבָּא אָבוֹי דְּרִבִּי אַבָּא בַּר מָרִי בְשֵׁם רִבִּי אָחָא כָּתוּב אֶחָד אוֹמֵר וְכָל־חֲפָצִים לֹא יִשְׁווּ בָהּ. וְכָתוּב אַחֵר אִוֹמֵר וְכָל־חֲפָצֶיךָ לֹא יִשְׁווּ בָהּ. חֲפָצִים אֵילּוּ אֲבָנִים טוֹבוֹת וּמַרְגָּלִיּוֹת. חֲפָצֶיךָ אֵילּוּ דִּבְרֵי תוֹרָה. דִּכְתִיב כִּי בְּאֵלֶּה חָפַצְתִּי נְאֻם יי֨. Et l’étude de la loi au-dessus de tout.” R. Berakhia et R. Hiya du village Tehounim l’expliquent tour à tour. L’un dit: tout l’univers a moins de valeur qu’une seule des prescriptions de la loi; l’autre dit: l’accomplissement des préceptes de la loi est inférieur à l’étude de l’Ecriture-Sainte59Il met la théorie au-dessus de la pratique.. R. Tanhouma adopte le premier avis; R. Yossé ben Zimra, le second. R. Aba père de R. Aba dit60Babli, Moed Qatan, 92. au nom de R. Aba b. Maré: il est écrit d’une part (Pr 8, 11): tous les objets désirables ne peuvent lui être comparés. Voici la raison de cette divergence de termes: par objets désirables d’ordinaire, on entend les pierres précieuses et les perles; par les objets de tes désirs, on entend les paroles de la loi61Bereshit rabba, 35., dont il est dit: Voici celles que je désire (Jr 9, 23).
אַרְטַבָּן שְׁלַח לְרַבֵּינוּ הַקָּדוֹשׁ חַד מַרְגְּלִי טָבָא אַטִימֵיטוֹן. אֲמַר לֵיהּ שְׁלַח לִי מִילָּה דְּטָבָה דִכְווָתָהּ. שְׁלַח לֵיהּ חַד מְזוּזָה. אֲמַר לֵיהּ מַה אֲנָא שְׁלָחִית לָךְ מִילָּה דְּלֵית לָהּ טִימֵי. וְאַתְּ שְׁלַחְתְּ לִי מִילָּה דְּטָבָא חַד פוֹלָר. אֲמָר לֵיהּ חֲפָצֶיךָ וַחֲפָצַיי לֹא יִשְׁווּ בָהּ. וְלֹא עוֹד אֶלָּא דְּאַתְּ שְׁלַחְתְּ לִי מִילָּה דַּאֲנָא מְנַטַּר לָהּ. וַאֲנָא שְׁלָחִית לָךְ מִילָּה דְּאַתְּ דְּמָךְ לָךְ וְהִיא מְנַטְּרָה לָךְ דִּכְתִיב בְּהִתְהֲלֶכְךָ תַּנְחֶה אוֹתָךְ. Le prince Artaban62"Babli, Avoda Zara 10b; Mekhilta sur la section BS, 11." envoya un jour à Rabbi le saint une pierre inestimable atimhton, en lui demandant de lui renvoyer aussi par contre un objet d’égale valeur. Rabbi lui envoya une mezuza. -Quoi, lui fit dire le prince, je t’ai envoyé un objet au-dessus de toute valeur timh, et tu m’envoies une chose qui ne coûte qu’une petite pièce de monnaie folli"63C'est dans le sens que donne ici M. Zuckermann (talmudische Münzen, p. 32) à ce terme qui, d'ordinaire, selon Ducange, signifie: bouse d'argent (folleria), en usage vers le règne de Constantin le Grand. Ce mot se trouve dans Babli, (Shabat 32b).. -C’est que, lui répondit Rabbi, les objets de tes désirs et des miens ne peuvent lui être comparés; en outre, tu m’as envoyé un objet que je vais garder, tandis que mon envoi est un objet dans la valeur doit te profiter, parce que c’est lui qui te gardera, comme il est dit (Pr 6, 22): Pendant que tu marches, elle te guidera.
רִבִּי מָנָא שָׁמַע כּוּלְהוֹן מִן הָדֵין קְרָיָא כִּי לֹא דָּבָר רֵק הוּא מִכֶּם זֶה תַלְמוּד תּוֹרָה. כִּי הוּא חַיֵּיכֶם זֶה כִיבּוּד אָב וְאֵם. וּבַדָּבָר הַזֶּה תַּאֲרִיכוּ יָמִים זוּ גְמִילוּת חֲסָדִים. עַל הָאֲדָמָה זֶה הֲבָאַת שָׁלוֹם בֵּין אָדָם לַחֲבֵירוֹ. – R. Mena déduisait toutes les recommandations (faites dans notre Mishna) du verset suivant (Dt 32, 47): ce n’est pas une chose vaine pour vous; ces mots doivent s’appliquer à l’étude de la loi64Elle est au-dessus de tout et comprend tout., et les mots elle est votre vie se rapportent au devoir d’honorer ses parents (dont la récompense est la prolongation de la vie); et en sa faveur vos jours seront prolongés, c’est-à-dire en faveur de vos bonnes œuvres65C'est conforme aux (Pr 21, 21)., enfin, à l’expression sur la terre correspond l’idée du rétablissement de la paix entre les hommes (l’harmonie sociale sur terre).
וּכְנֶגְדָּן אַרְבָּעָה דְּבָרִים שֶׁהֵן נִפְרָעִין מִן הָאָדָם בָּעוֹלָם הַזֶּה וְהַקֶּרֶן קַייֶמֶת לוֹ לָעוֹלָם הַבָּא. וְאֵילּוּ הֵן עֲבוֹדָה זָרָה וְגִילּוּי עֲרָיוֹת וּשְׁפִיכוּת דָּמִים. וְלָשׁוֹן הָרַע כְּנֶגֶד כּוּלָּן. עֲבוֹדָה זָרָה מְנַיִין. הִכָּרֵת תִּכָּרֵת הַנֶּפֶשׁ הַהִיא עֲוֹנָהּ בָּהּ. מַה תַלמוּד לוֹמַר עֲוֹנָהּ בָּהּ מְלַמֵּד שֶׁהַנֶּפֶשׁ נִכְרְתָה וַעֲוֹנָהּ עִמָּהּ. וּכְתִיב אָנָּא חָטָא הָעָם הַזֶּה חֲטָאָה גְדוֹלָה וַיַּעֲשׂוּ לָהֶם אֱלֹהֵי זָהָב. גִּילּוּי עֲרָיוֹת מְנַיִין. וְאֵיךְ אֶעֱשֶׂה הָרָעָה הַגְּדוֹלָה הַזֹּאת וְחָטָאתִי לֵאלֹהִים. שְׁפִיכוּת דָּמִים מְנַיִין. וַיֹּאמֶר קַיִן אֶל יי֨ גָּדוֹל עֲוֹנִי מִנְּשׂוֹא. כְּשֶׁהוּא בָּא אֵצֶל לְשוֹן הָרָע מַהוּ אוֹמֵר לֹא גָּדוֹל וְלֹא גְדוֹלָה וְלֹא הַגְּדוֹלָה אֶלָּא גְּדוֹלוֹת יַכְרֵת יי֨ כָּל־שִׂפְתֵי חֲלָקוֹת לְשׁוֹן מְדַבֶּרֶת גְּדוֹלוֹת. Par contre, il y a quatre choses pour lesquelles l’hommes est partiellement puni ici-bas et principalement dans le monde futur; ce sont: l’idolâtrie, les unions illicites, l’homicide, et au-dessus de tout la calomnie. Pour l’idolâtrie, on le sait par ces mots: cette âme sera exterminée; son péché est en elle (Nb 15, 31). Que signifient ces derniers mots? Que l’âme a été exterminée, et avec elle le crime qu’elle a commis (même au-delà de la tombe); et il est dit: Hélas, ce peuple a commis un grand péché, en faisant un Dieu d’or (Ex 32, 31). Pour les unions illicites, le verset suivant le prouve (Gn 20, 19): comment agirais-je aussi mal? Ce serait pécher envers l’Eternel. Pour l’homicide, il est dit: Caïn s’écria vers l’Eternel: mon crime est trop grand pour être supporté (Gn 4, 13). Quant au crime de la calomnie, l’Ecriture-Sainte ne le qualifie pas seulement de grande faute (comme les précédents), mais de double faute: que l’Eternel extermine toutes les lèvres adulatrices, la langue qui parle arrogamment66"Le dernier mot, GUEDOLOT de ce verset a ici le sens d'arrogance; l'exégète talmudiste s'attache à la forme du pluriel de ce mot, pour faire ressortir la quantité, l'étendue de la faute, ainsi que pour les trois autres crimes capitaux." (Ps 12, 4)
כְּתִיב וַיָּבֵא יוֹסֵף אֶת דִּבָּתָם רָעָה אֶל אֲבִיהֶם. מַה אָמַר רִבִּי מֵאִיר וְרִבִּי יְהוּדָה וְרִבִּי שִׁמְעוֹן. רִבִּי מֵאִיר אָמַר חֲשׁוּדִין הֵן עַל אֵבֶר מִן הַחַי. רִבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר מְזַלְזְלִין הֵן בִּבְנֵי הַשְּׁפָחוֹת וְנוֹהֲגִין בָּהֶן כַּעֲבָדִים. וְרִבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמֵר נוֹתְנִין הֵן עֵינֵיהֶן בִּבְנוֹת הָאָרֶץ. אָמַר רִבִּי יוֹדָה בֶּן פָּזִי פֶּלֶס וּמֹאזְנֵי מִשְׁפָּט לַיי֨ מַעֲשֵׂהוּ כָּל־אַבְנֵי כִיס. מַה אָמַר חֲשׁוּדִין הֵן עַל אֵבֶר מִן הַחַי. אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כָּךְ אֲנִי מוֹכִיחַ עֲלֵיהֶן שֶׁהֵן שׁוֹחֲטִין וְאוֹכְלִין וַיִּשְׁחֲטוּ שְׂעִיר עִזִּים וַיִּטְבְּלוּ אֶת הַכֻּתּוֹנֶת בְּדָם. מַה אָמַר מְזַלְזְלִין הֵן בִּבְנֵי הַשְּׁפָחוֹת וְנוֹהֲגִין בָּהֶן כַּעֲבָדִים לְעֶבֶד נִמְכַּר יוֹסֵף. מַה אָמַר נוֹתְנִין עֵינֵיהֶן בִּבְנוֹת הָאָרֶץ. הָא דוּבָּא מִתְגָּרִיָּא לָךְ. וַתִּשָּׂא אֵשֶׁת אֲדוֹנָיו אֶת עֵינֶיהָ אֶל יוֹסֵף וְגוֹמֵר. Il est écrit (Gn 37, 2): Joseph rapporta à leur père ce qu’ils avaient dit de mal. Que dit-il? R. Meir, R. Juda et R. Simon diffèrent d’avis à ce sujet67Bereshit rabba, 84 (édit. Amsterdam, 93d).: selon R. Meir, il les accusa de manger des membres d’animaux vivants (acte barbare qui est interdit même aux Noahites); selon R. Juda, il les accusa de mépriser les fils des concubines de Jacob et de les traiter (nommer) comme esclaves (bien que ce fussent leurs frères paternels); selon R. Simon, il disait qu’ils regardaient d’un œil favorable les filles de leurs voisins (et pour ces 3 calomnies, il a été diversement puni). Aussi R. Juda ben Pazi lui applique-t-il ce verset (Pr 16, 11): le poids et les balances de la justice sont dans la main de Dieu; tous les poids du sac sont son œuvre68Les actes de l'homme sont jugés par lui.. En effet: 1° qu’a dit Joseph? ses frères sont susceptibles de manger des membres d’animaux vivants; par contre, dit l’Eternel, je veux faire éclater la preuve qu’ils saignent les animaux avant d’en manger, par ces mots (Gn 37, 7): ils égorgèrent un bouc et trempèrent dans son sang la tunique de Joseph. 2° Que dit ensuite Joseph? Ils maltraitent les fils des concubines et les envisagent comme esclaves; pour l’en punir, il fut vendu lui-même comme tel (Gn 28). 3° Que dit-il encore? Ils regardent avec convoitise les filles étrangères; aussi fut-il l’objet d’une tentative de ce genre: la femme de son maître leva les yeux sur Joseph etc. (Gn 39, 7).
רִבִי יַסָּא בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן זֶה שֶׁהוּא אוֹמֵר לָשׁוֹן הָרַע אֵינוֹ אוֹמֵר עַד שֶׁהוּא כוֹפֵר בְּעִיקָּר. וּמַה טַעֲמָא אֲשֶׁר אָֽמְרוּ לִלְשׁוֹנֵינוּ נַגְבִּיר שְׂפָתֵינוּ אִתָּנוּ מִי אָדוֹן לָנוּ. כָּל־הָעֲבֵירוֹת אָדָם חוֹטֵא בָאָרֶץ וְאֵילּוּ חוֹטְאִין בַּשָּׁמַיִם וּבָאָרֶץ. מָה טַעֲמָא שָׁתוּ בַשָּׁמַיִם פִּיהֶם וּלְשׁוֹנָם תִּיהֲלַךְ בָּאָרֶץ. אָמַר רִבִּי יִצְחָק בִּינוּ נָא זֹאת שֹׁכְחֵי אֱלֹהַּ פֶּן יִטְרֹף וְאֵין מַצִּיל. אָמַר רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ בֶּן לֵוִי תֵּשֵׁב בְּאָחִיךָ תְדַבֵּר בְּבֶן אִמְּךָ תִתֵּן דוֹפִי. מַה כְתִיב תַּמָּן וּלְרָשָׁע אָמַר אֱלֹהִים מַה לְךָ לְסַפֵּר חֻקָּי וַתִּשָּׂא בְרִיתִי עֲלֵי פִיךָ. R. Yassa dit au nom de R. Yohanan: celui qui est capable d’une calomnie renie la source de toute vérité (ou la divinité). Et qu’est-ce qui l’indique? C’est qu’il est écrit (Ps 12, 5): Il en est qui disent: par notre langue nous serons puissants; nos lèvres sont avec nous; qui sera notre maître? (nous n’en reconnaissons aucun); or, tous les péchés que l’homme commet sont relatifs à la terre, tandis que celui de la médisance offense le ciel et la terre, comme il est dit (Ps 83, 9): leur bouche s’attaque même au ciel, et leur langue répand le mal sur la terre. R. Isaac dit69Le même R. Isaac, raconte un procédé analogue, ci-après 6, 5) que ce verset (Ps 50, 22): comprenez bien cela, vous qui oubliez Dieu, pour que je ne punisse pas sans espoir de salut, a été expliqué par R. Josué b. Levi, qui lui compare le verset précédent20Babli Yoma 80a.: tu te mets à parler contre ton frère; contre le fils de ta mère, tu donnes du scandale; or, ces mots, dit-il, se rapportent au verset antérieur16Dès qu'il est complet, il n'est plus soumis aux parts dues.: mais à l’impie Dieu dit: qu’as-tu à énumérer mes statuts? Pourquoi portes-tu mon alliance dans ta bouche?
אַזְהָרָה לְלָשׁוֹן הָרַע מְנַייִן. וְנִשְׁמַרְתָּ מִכָּל־דָּבָר רָע. אָמַר רִבִּי לָא תַּנִּי רִבִּי יִשְׁמָעֵאל לֹא תֵלֵךְ רָכִיל בְּעַמֶּךָ. זוּ רְכִילוּת לָשׁוֹן הָרַע. תַּנִּי רִבִּי נְחֶמְיָה שֶׁלֹּא תְהֵא כְּרוֹכֵל הַזֶּה מַטְעִין דְּבָרָיו שֶׁל זֶה לְזֶה וּדְבָרָיו שֶׁל זֶה לְזֶה. Quelle est l’expression biblique qui implique la défense de médire? la suivante: tu te garderas de toute mauvaise parole (Dt 23, 10). R. Illa rappelle un enseignement de R. Ismael (qui déduit cette défense d’une autre expression); il n’y aura pas de calomniateur parmi ton peuple, est-il dit (Lv 19, 16), cela se rapporte à la médisance. R. Nehemie enseigne en effet qu’il faut éviter la mauvaise conduite de ces gens70"Littéralement: "" comme les marchants "", qui, en colportant leur pacotille, se targuent de ventes qui n'ont pas eu lieu." qui attribuent les paroles de l’un à tel autre (et établissement des confusions pernicieuses).
אָמַר רִבִּי חֲנִינָא בּוֹא וּרְאֵה כַּמָּה קָשֶׁה הוּא אֲבַק לָשׁוֹן הָרַע שֶׁדִּיבְּרוּ הַכְּתוּבִים דִּבְרֵי בַּדַּאי בִּשְׁבִיל לְהַטִּיל שָׁלוֹם בֵּין אַבְרָהָם לְשָׂרָה. וַתִּצְחַק שָׂרָה בְקִרְבָּהּ לֵאמוֹר אַחֲרֵי בְלוֹתִי הָֽיְתָה לִי עֶדְנָה וַאדֹנִי זָקֵן. וּלְאַבְרָהָם אֶינוֹ אוֹמֵר כֵּן אֶלָּא לָמָּה זֶה צָחֲקָה שָׂרָה לֵאמוֹר הֲאַף אָמְנָם אֵלֵד וַאֲנִי זָקַנְתּי. וַאדֹּנִי זָקֵן אֵין כְּתִיב כַאן אֵלֵּא וַאֲנִי זָקַנְתּי. אָמַר רַבָּן שִׁמְעוֹן בֶּן גַּמְלִיאֵל בּוֹא וּרְאֵה כַּמָּה הוּא קָשֶׁה אֲבַק לָשׁוֹן הָרַע שֶׁדִּיבְּרוּ הַכְּתוּבִים דִּבְרֵי בַּדַּאי כְּדֵי לְהַטִּיל שָׁלוֹם בֵּין יוֹסֵף לְאֶחָיו. הַהוּא דִּכְתִיב וַיְצַוּוּ אֶת יוֹסֵף לֵאמֹר אָבִיךָ צִוָּה לִפְנֵי מוֹתוֹ לֵאמֹר. כֹּה תֹאמְרוּ לְיוֹסֵף אָנָּא שָׂא נָא וגו̇׳. וְלָא אַשְׁכְּחָן דִּפְקַד כְּלוּם. —Voyez, dit R. Hanina, combien l’ombre même de la médisance doit être évitée avec soi, puisque l’Ecriture-Sainte s’exprime de deux façons différentes (au sujet de la naissance d’Isaac). Afin de maintenir la paix du ménage entre Abraham et Sara, il est dit: Sara dit en elle-même, se disant: puisque je suis vieille, comment aurais-je de la volupté, et mon maître aussi est vieux; et, au lieu de répéter ces mêmes mots à Abraham, l’Eternel lui demande pourquoi Sara a-t-elle ri en disant: comment pourrai-je enfanter puisque je suis vieille (Gn 18, 12 -13), et le texte biblique ne lui redit pas les mots mon maître est vieux, mais je suis vieille. R. Simon ben Gamliel démontre également combien la Bible évite toute parole blessante (en terminant l’histoire de Joseph et de ses frères), afin de rétablir la paix parmi eux; c’est dans ce but qu’il est dit (ibid. 50, 16-17): Ils envoyèrent vers Joseph et lui firent dire: Voici ce que ton père a ordonné avant sa mort, parlez à Joseph et dites-lui, de grâce, pardonne le péché de tes frères, etc., et pourtant il n’est rien dit nulle part de cet ordre de Jacob.
רִבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָן בְּשֵׁם רִבִּי יוֹנָתָן מוּתָּר לוֹמַר לָשׁוֹן הָרַע עַל בַּעֲלֵי מַחְלוֹקֶת. וּמַה טַעַם וַאֲנִי אָבוֹא אַחֲרַיִךְ וּמִלֵּאתִי אֶת דְּבָרַיִיךְ. רִבִּי זְעִירָא בְּעָא קוֹמֵי רִבִּי יַסָּא מִפְּנֵי מַה נֶהֱרָג אֲדוֹנִיָּה בֶּן חַגִּית מִפְּנֵי שֶׁתָּבַע אֶת אֲבִישַׁג הַשּׁוּנָמִית. אָמַר לֵיהּ עֲיָלָא הָיוּ מְבַקְּשִׁין לְהַתִּיר דָּמָן שֶׁל בַּעֲלֵי מַחְלוֹקֶת. R. Simon ben Nahman dit au nom de R. Yonathan: il est permis de dire du mal des querelleurs; et, ce qui le prouve, c’est qu’il est dit (au sujet de la compétition d’Adonias fils de David avec Salomon): je viendrai après toi et je compléterai tes paroles (accusatrices), (1R 1, 14). Comment, demanda à ce propos R. Zeira en présence de R. Yassa, a-t-on tué Adonias fils de Haguith, pour avoir sollicité Abisag la Sunamite à devenir sa femme? (Quel eût été le crime, puisqu’elle n’était que la servante du roi David)? -En effet, fut-il répondu, on lui suscita quelque prétexte afin de se justifier ensuite d’avoir versé le sang d’un querelleur.
בְּעוּן קוֹמֵי רִבִּי יוֹחָנָן אֵי זֶהוּ לָשׁוֹן הָרַע הָאוֹמְרוֹ וְהַיּוֹדְעוֹ. On demanda en présence de R. Yohanan: est-ce un acte de médisance, de dire de méchantes paroles et de les faire sciemment accepter (comme on le verra par les exemples suivants)?
חֲנוּתָא דְּכִיתְנָאֵי הֲוָה לוֹן צוֹמוּת וַהֲוָה תַמָּן חַד מִיתְקָרִי בַּר חוֹבֶץ וְלָא סְלַק. אָֽמְרֵי מַה אֲנָן אָֽכְלִין יוֹמָא דֵין אֲמַר חַד חוֹבְצִין אֲמַר יֵיתֵי בַּר חֲבִיץ. אָמַר רִבִּי יוֹחָנָן זֶה אָמַר לָשׁוֹן הָרַע בְּהַצְנֵעַ. בּוּלֶווטַיָה דְּצִיפּוֹרִין הֲוָה לְהוֹן צוֹמוּת וַהֲוָה תַּמָּן חַד מִיתְקְרִי יוֹחָנָן וְלֹא סְלַק אֲמַר חַד לְחַד לֵית אֲנָן סָֽלְקִין מְבַקְּרָה לְרִבִּי יוֹחָנָן יוֹמָא דֵין. אָֽמְרִין יֵיתֵי יוֹחָנָן. אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ זֶה אָמַר לָשׁוֹן הָרַע בְּצֶדֶק. Les boutiquiers, marchands de lin, reçurent un jour du roi l’ordre de se réunir tous auprès de lui pour un travail; mais il y avait parmi eux un homme nommé (par ironie) Bar-Hobets (fils du fromage), qui ne s’y rendit pas. -Que mangerons-nous aujourd’hui, se demandèrent-ils? L’un d’eux répondit: des Hobtsin (fromages, mot faisant allusion à l’absent). C’est là, dit R. Yohanan, une médisance faite à mots couverts. La garde urbaine71D'après un commentaire, il s'agirait des conseillers de la ville: Bouleteia de Sephoris fut un jour convoquée toute entière; mais l’un de ses membres nommé Yohanan ne se rendit pas à l’appel; l’un dit à l’autre: allons-nous rendre visite aujourd’hui à R. Yohanan? Que l’on fasse venir Yohanan, fut-il dit (sans le désigner comme rabbi). Ce cas, dit R. Simon ben Lakish, est un exemple d’accusation faite avec justice (parce qu’il était inexact de l’appeler avec le titre de rabbi72Selon le commentaire d'Ein-Jacob, il y aurait eu du mérite à faire ressortir la valeur de R. Yohanan.).
אָמַר רִבִּי אַבָּא בַּר כַּהֲנָא דּוֹרוֹ שֶׁל דָּוִד כּוּלָּן צַדִּיקִים הָיוּ וְעַל יְדֵי שֶׁהָיָה לָהֶן דֵילָטוֹרִין הָיוּ יוֹצְאִין בַּמִּלְחָמָה וְהָיוּ נוֹפְלִין. הוּא שֶׁדָּוִד אָמַר נַפְשִׁי בְּתוֹךְ לְבָאִים אֶשְׁכְּבָה לוֹהֲטִים. נַפְשִׁי בְּתוֹךְ לְבָאִים זֶה אַבְנֵר וַעֲמָשָׂא שֶׁהָיוּ לְבָאִים בַּתּוֹרָה. אֶשְׁכְּבָה לוֹהֲטִים זֶה דּוֹאֵג וְאַחִיתוֹפֶל שֶׁהָיוּ לְהוּטִין אַחַר לָשׁוֹן הָרַע. בְּנֵי אָדָם שִׁינֵּיהֶם חֲנִית וְחִצִּים אֵילּוּ בַּעֲלֵי קְעִילָה. דִּכְתִיב הֲיַסְגִּרוּנִי בַּעֲלֵי קְעִילָה בְיָדוֹ הֲיֵרֵד שָׁאוּל. וּלְשׁוֹנָם חֶרֶב חַדָּה אֵילּוּ הַזִּיפִּים בְּבוֹא הַזִּיפִּים וַיֹּאמְרוּ לְשָׁאוּל. בְּאוֹתָהּ שָׁעָה אָמַר דָּוִד לִפְנֵי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא רִבּוֹן הָעוֹלָמִים מַה שְׁכִינָתָךְ לֵירֵד בָּאָרֶץ סַלֵּק שְׁכִינָתָךְ מִבֵּינֵיהוֹן. הַהוּא דִּכְתִיב רוּמָה עַל שָׁמַיִם אֱלֹהִים עַל כָּל־הָאָרֶץ כְּבוֹדֶךָ. אֲבָל דּוֹרוֹ שֶׁל אַחְאָב עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה הָיוּ וְעַל יִדֵּי שֶׁלֹּא הָיָה לָהֶן דֵּילָטוֹרִיָּא הָיוּ יוֹרְדִין לַמִּלְחָמָה וְנוֹצְחִין הוּא שֶׁעוֹבַדְיָהוּ אָמַר לְאֵלִיָּהוּ הֲלֹא הוּגַּד לַאדוֹנִי אֲשֶׁר עָשִׂיתִי בַּהֲרוֹג אִיזֶבֶל אֶת נְבִיאֵי יי֨ וְגוֹמֵר וַאֲכַלְכְּלֵם לֶחֶם וָמָיִם. אִם לֶחֶם לָמָּה מַיִם וְאִם מַיִם לָמָּה לֶחֶם. אֶלָּא מְלַמֵּד שֶׁהָיוּ הַמַּיִם קָשִׁין לוֹ לְהָבִיא יוֹתֵר מִן הַלֶּחֶם. וְאֵלִיָּהוּ מַכְרִיז בְּרֹאשׁ הַכַּרְמֶל אֲנִי נוֹתַרְתִּי נָבִיא לְבַדִּי לַיי֨. וְכָל־עַמָּא יָֽדְעִין וְלָא מְפָֽרְסְמִין לְמַלְכָּא. R. Aba bar Cahana dit: au temps de David, tous les Israélites étaient des justes; seulement, comme il y avait des délateurs parmi eux, ils se rendaient en guerre au champ de bataille et y tombaient. C’est pourquoi David dit (Ps 57, 15): Mon âme est exposée au milieu des lions; je repose au milieu de gens ardents, fils de l’homme qui ont pour dents des lances et des flèches, et dont la langue est un glaive tranchant. Or, des lions dont il est question ici sont Abner et Amassa, de vrais lions dans l’étude de la loi; par gens ardents73"Voir Pesikta, sur la 6ème partie de la Mishna, au traité Para; Bereshit Rabba, 98.", il fait allusion à Doëg et Ahitofel, que poursuivaient ardemment la médisance; les “fils de l’homme qui ont pour dents la lance et les flèches” sont les gens de Keïla, dont il est dit (1S 23, 11): Les gens de Keïla me livreront-ils en sa main? Saül descendra-t-il? Enfin, à l’expression leur langue est un glaive tranchant correspondent les Ziphiens dont il est dit (Ps 54, 1): lorsque les Ziphiens vinrent dire à Saül. A ce moment, David priait devant l’Eternel et lui disait: Maître de l’univers, à quoi bon faire résider ta providence sur terre? Retire-la du milieu de ces gens comme il est dit (Ps 57, 6): Elève-toi au ciel, ô Eternel, qu’au-dessus de toute la terre ta gloire rayonne! Au contraire, dans la génération d’Achab, quoiqu’elle fût composée d’idolâtres, ils se rendaient à la guerre et ils étaient vainqueurs, parce qu’il n’y avait pas de délateurs parmi eux; aussi Abdias dit-il à Elie (1R 18, 13): N’a-t-on pas dit à mon seigneur ce que je fis quand Jésabel tuait les prophètes de l’Eternel, etc. (Ainsi, quoique Abdias ait caché des prophètes, il n’était pas dénoncé à la reine). Il est dit (à la fin de ce même verset): je les nourris de pain et d’eau. S’il put leur donner du pain, ne va-t-il pas sans dire qu’il put leur procurer de l’eau? -Non, car il était bien plus difficile de leur faire passer de l’eau que du pain. – Elie faisait savoir (sous Achab) sur le sommet du mont Carmel qu’il était resté seul prophète du vrai Dieu (1R 19, 1), et bien que tout le peuple ait eu connaissance de sa proclamation hardie, on n’en disait rien à la reine.
וְלָמָּה קוֹרֵא אוֹתוֹ שְׁלִישִׁי שֶׁהוּא הוֹרֵג שְׁלֹשָׁה הָאוֹמְרוֹ וְהַמְקַבְּלוֹ וְזֶה שֶׁנֶּאֱמַר עָלָיו. וּבִימֵי שָׁאוּל נֶהֶרְגּוּ אַרְבָּעָה דּוֹאֵג שֶׁאָֽמְרוֹ שָׁאוּל שֶׁקִּיבְּלוֹ אֲחִימֵלֵךְ שֶׁנֶּאֱמַר עָלָיו וְאַבְנֵר. אַבְנֵר לָמָּה נֶהֱרַג. רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ בֶּן לֵוִי וְרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ וְרַבָּנִין. רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ בֶּן לֵוִי אָמַר עַל שֶׁעָשָׂה דָמָן שֶׁל נְעָרִים שְׂחוֹק שֶׁנֶּאֱמַר יָקוּמוּ נָא הַנְּעָרִים וְיִשְׂחֲקוּ לְפָנֵינוּ וַיֹּאמֶר אַבְנֵר יָקוּמוּ. וְרֵישׁ לָקִישׁ עַל שֶׁהִקְדִּים שְׁמוֹ לִשְׁמוֹ שֶׁל דָּוִד הַהוּא דִכְתִיב וַיִּשְׁלַח אַבְנֵר מַלְאָכִים אֶל דָּוִד תַּחְתָּיו לֵאמֹר לְמִי הָאָרֶץ. כָּתַב מִן אַבְנֵר לְדָוִד. וְרַבָּנִין אָֽמְרִין עַל שֶׁלֹּא הִנִּיחַ לְשָׁאוּל לְהִתְפַּייֵס מִן דָּוִד. הַהוּא דִּכְתִיב וְאָבִי רְאֵה גַּם רְאֵה אֶת כְּנַף מְעִילְךָ בְיָדִי. אֵמַר לֵיהּ מַה אַתְּ בְּעִי מִן גוּלְגְלוֹי דְּהַדֵּין בְּסִירָה הוּעֲרָת. וְכֵיוָן שֶׁבָּאוּ לְמַעֲגַל אָמַר לֵיהּ הֲלֹא תַעֲנֶה אַבְנֵר. גַּבֵּי כָּנָף אָֽמְרָת בְּסִירָה הוּעֲרָת חֲנִית וְצַפַּחַת בְּסִירָה הוּעֲרוּ. וְיֵשׁ אוֹמְרִים עַל יְדֵי שֶׁהָיְתָה סִפֵּיקָה בְיָדוֹ לִמְחוֹת בְּנוֹב עִיר הַכֹּהֲנִים וְלֹא מִיחֶה. Pourquoi appelle-t-on le calomniateur troisième langue? Parce qu’il fait mourir (pour cause de calomnie) trois personnes, savoir celle qui répand la fausse nouvelle, celle qui l’accepte et la personne dont il est question75"Voir Babli, Erakhim, 15b; Tanhouma, section Metsora; Rabba sur (Lv 26), et les (Nb 19); Midrash sur (Qo 9, 12); Schohar tob, 12 et 52, ainsi que Shabat 33b; Aboda zara, 18b, Taanit 7b; Yoma 22b; Pessahim 87b et 118a; Sifri sur Tetsé et Pirké et R. Eliézer, 53.". Au temps de Saül, ce mal causa la mort de 4 personnes: Doëg qui en fit part, Saül qui l’accueillit, Ahimelek que cela concernait, et enfin Abner. Pourquoi ce dernier76"Même série, (Sota 1, 8) ( 17b); Babli, (Sanhedrin 20a)" fut-il tué? R. Josué ben Levi, R. Simon ben Lakish et les rabbins émettent divers avis à ce sujet: d’après le premier, il fut puni pour avoir, en riant (sans souci), exposé, dans un jeu, la vie des jeunes garçons de sa garde, comme il est dit: Abner dit que les jeunes gens se lèvent et se livrent un assaut devant nous (2S 2, 14); selon Resh Lakish, il fut puni pour avoir placé son nom avant celui de David: Abner envoya donc des messagers à David pour lui demander à qui est le pays (2S 3, 12); et sa lettre disait “d’Abner à David”, au lieu de l’inverse. Selon les rabbins, il fut puni pour n’avoir pas opéré une réconciliation entre Saül et David, au sujet de ce qu’il est dit (1S 24, 12): Regarde donc, mon père, regarde, dis-je, le pan de manteau qui est entre mes mains77Dans la pensée de l'exégète, il faut sans doute supposer que c'est, non pas David, mais Abner qui parle pour exciter son père, en lui faisant ressortir cette action du pan coupé.. Quelle preuve de condescendance, demanda Abner, veux-tu tirer de ce verbiage? Cela ne s’est fait que par une déchirure d’épine (non par ton fait). Aussi, lorsque David arriva avec les siens auprès des bagages de Saül, où il aurait pu de nouveau tuer le roi, David l’appela et dit (1S 26, 13): Répondras-tu Abner? C’est-à-dire, diras-tu encore que c’est une épine qui a enlevé la lance et la cruche d’eau devant le roi? Selon d’autres enfin, Abner fut frappé, parce qu’il aurait pu empêcher l’extermination de Nob, la ville des prêtres (1S 22, 19) et qu’il ne l’a pas fait.
חִיצֵּי גִבּוֹר שְׁנוּנִים עִם גַחֲלֵי רְתָמִים. כָּל־כְּלֵי זַיִין מַכִּין בִּמְקוֹמָן. וְזֶה מַכֶּה מֵרָחוֹק. כָּל־הַגְּחָלִים כָּבוּ מִבְּחוּץ כָּבוּ מִבִּפְנִים. וְאֵילּוּ אַף עַל פִּי שֶׁכָּבוּ מִבְּחוּץ לֹא כָּבוּ מִבִּפְנִים. מַעֲשֶׂה בְּאֶחָד שֶׁהִנִּיחַ גְּחָלִים בּוֹעֲרוֹת בְּחָג וּבָא וּמְצָאָן בּוֹעֲרוֹת בְּפֶסַח. Il est dit (Ps 120, 4): Ce sont des flèches aiguës, tirées par un homme puissant, et des charbons de genièvre. Or, à l’aide de toute arme, on peut frapper de près, tandis que les flèches (comme les crimes humains qu’elles symbolisent) frappent de loin; tous les charbons, une fois qu’ils sont éteints à l’extérieur, le sont aussi à l’intérieur, tandis que les dits charbons conservent longtemps une flamme latente; et il arriva parfois d’avoir laissé de ces charbons enflammés à la fête (des Tabernacles) et de les retrouver brûlants à Pâques78C'est une exagération de langage, pour dire un long espace de temps fréquente dans le Talmud..
אָמַר רִבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָן אוֹמֵר לְנָּחָשׁ מִפְּנֵי מַה אַתָּה מְהַלֵּךְ וּלְשׁוֹנְךָ שׁוֹתֵת. אָמַר לוֹן דּוּ גָרַם לִי. מַה הֲנָייָה לָךְ שֶׁאַתְּ נוֹשֵׁךְ. אַרְיֵה טוֹרֵף וְאוֹכֵל זְאֵב טוֹרֵף וְאוֹכֵל אַתְּ מַה הֲנָייָה יֵשׁ לָךְ. אָמַר לָהֶן אִם יִשֹּׁךְ הַנָּחָשׁ בְּלִי לַחַשׁ. אִילוּלֵא אִיתְאַמַּר לִי מִן שְׁמַיָּא נְכִית לֹא הֲוִינָא נְכִית. מִפְּנֵי מַה אַתָּה נוֹשֵׁךְ אֵבֶר אֶחָד וְכָל הָאֵיבָרִים מַרְגִּישִׁין. אָמַר לָהֶן וְלִי אַתֶּם שׁוֹאֲלִין אִמְרוּ לְבַעַל הַלָּשׁוֹן שֶׁהוּא אוֹמֵר כַּאן וְהוֹרֵג בְּרוֹמֵי. אוֹמֵר בְּרוֹמֵי וְהוֹרֵג בְּסוּרְיָא. וּמִפְּנֵי מַה אַתָּה מָצוּי בֵּין הַגְּדֵרוֹת. אָמַר לָהֶן אֲנִי פָרַצְתִּי גְדֵרוֹ שֶׁל עוֹלָם. R. Samuel bar Nahman dit qu’ayant rencontré le serpent, il lui demanda79"Debarim rabba, V; Midrash sur (Qo 10, 10).": -pourquoi, pendant que tu rampes, ta langue est-elle pendante? C’est ma conduite calomniatrice (envers Adam et Eve) qui en est la cause. -Quelle jouissance éprouves-tu à mordre? Le lion et le loup déchirent pour dévorer et satisfaire leur faim; mais pourquoi mords-tu? -Il est écrit, répondit-il, si le serpent mord, n’étant pas enchanté (malgré lui), il n’y a pas d’avantage pour l’enchanteur (Qo 10, 11); si, du haut du ciel, je n’en avais pas reçu l’ordre, je ne le ferais pas. -Pourquoi, lorsque tu mords un membre, tous les autres membres s’en ressentent-ils? -Comment, répliqua le serpent, peut-on m’adresser une telle question? -N’arrive-t-il pas aux calomniateurs de provoquer une sentence capitale dans telle ville, tandis que l’exécution a lieu à Rome; tantôt la dénonciation est faite à Rome, et l’exécution a lieu en Syrie. -Pourquoi te trouve-t-on entre les haies? -C’est que, répondit-il, j’ai renversé la haie du monde (en faisant goûter l’homme à l’arbre de la science).
הַזְּכוּת יֵשׁ לָהּ קֶרֶן וְיֵשׁ לָהּ פֵּירוֹת. עֲבֵירָה יֵשׁ לָהּ קֶרֶן וְאֵין לָהּ פֵּירוֹת. הַזְּכוּת יֵשׁ לָהּ קֶרֶן וְיֵשׁ לָהּ פֵּירוֹת שֶׁנֶּאֱמַר אִמְרוּ צַדִּיק כִּי טוֹב כִּי פְרִי מַעַלְלֵיהֶם יֹאכֵלוּ. עֲבֵירָה יֵשׁ לָהּ קֶרֶן וְאֵין לָהּ פֵּירוֹת שֶׁנֶּאֱמַר אוֹי לְרָשָׁע רָע כִּי גְמוּל יָדָיו יֵעָשֶׂה לּוֹ. מַה אֲנִי מְקַייֵם וַיֹּאכְלוּ מִפְּרִי דַרְכָּם. אֶלָּא כָּל־עֲבֵירָה שֶׁעָשָׂת פֶּרִי יֵשׁ לָהּ פֶּרִי וּשְׁלֹא עָשָׂת פֶּרִי אֵין לָהּ פֶּרִי. – Pour les vertus80"Bereshit rabba, 33; Wayyikra rabba, 27.", il y a un capital (en récompense future) et des fruits (ou intérêts immédiats en plus); pour les péchés, il y a un capital (punition réservée), mais il n’y a pas de fruits81L'homme n'est pas puni au-delà de ses œuvres.. Ce qui le prouve pour les bonnes actions, c’est qu’il est dit (Is 3, 10): Célébrez le juste, car il est bon; il mangera le produit de ses œuvres (ibid. 11). Pourquoi est-il dit encore (Pr 1, 30): Ils mangeront le fruit de leurs voies? (Ne dit-on pas que, pour le mal, il n’y a pas de fruits?). En effet, il y en a lorsque le péché a déjà eu quelque conséquence.
מַחֲשָׁבָה טוֹבָה הַמָּקוֹם מְצָֽרְפָהּ לְמַעֲשֶׂה. מַחֲשָׁבָה רָעָה אֵין הַמָּקוֹם מְצָֽרְפָהּ לְמַעֲשֶׂה. מַחֲשָׁבָה טוֹבָה הַמָּקוֹם מְצָֽרְפָהּ לְמַעֲשֶׂה דִּכְתִיב אָז נִדְבְּרוּ יִרְאֵי יי֨ אִישׁ אֶל רְעֵהוּ. מַחֲשָׁבָה רָעָה אֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְצָֽרְפָהּ לְמַעֲשֶׂה אָוֶן אִם רָאִיתִי בְלִבִּי לֹא יִשְׁמַע יי֨. הָדָא דְּתֵימָא בְּיִשְׂרָאֵל אֲבָל בַּגּוֹיִם חִילּוּפִין מַחֲשָׁבָה טוֹבָה אֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְצָֽרְפָהּ. מַחֲשָׁבָה רָעָה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְצָֽרְפָהּ. מַחֲשָׁבָה טוֹבָה אֵין הַמָּקוֹם מְצָֽרְפָהּ. דִּכְתִיב וְעַד מֶיעָלֵי שִׁמְשָׁא הֲוָה מִשְׁתַּדַּר לְהַצָּלוּתֵיהּ. וְלָא כְתִיב לְשֵׁיזְבֵיהּ. מַחֲשָׁבָה רָעָה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְצָֽרְפָהּ. מִקָּטֶל מֵחֲמַס אָחִיךְ יַעֲקֹב. וְכִי הֲרָגוֹ. אֶלָּא מְלַמֵּד שֶׁחָשַׁב עָלָיו לְהוֹרְגוֹ וְהֶעֱלָה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִילּוּ הָרְגוֹ. De même, l’Eternel place une bonne pensée non exécutée au même rang qu’une bonne action, mais une mauvaise pensée non exécutée n’équivaut pas à l’action. Ce qui prouve qu’une bonne pensée équivaut à l’acte, c’est qu’il est dit (Ml 3, 16): Alors se parleront l’un à l’autre ceux qui craignent Dieu et révèrent son nom (il est tenu compte même de leurs pensées); et, ce qui prouve qu’en mauvaise part, la pensée seule ne suffit pas, c’est qu’il est dit (en traduisant mot-à-mot): si j’ai vu quelqu’iniquité en mon cœur, Dieu ne l’écoutera pas (Ps 66, 18). Ce que l’on vient de dire s’applique aux Israélites; mais, pour les nations étrangères, c’est l’inverse: il n’est pas tenu compte de la bonne pensée, sans exécution, mais des mauvaises pensées. Ce qui prouve qu’en ce cas une bonne pensée seule ne suffit pas, c’est qu’il est écrit: jusqu’au lever du soleil il s’efforça de la sauver (Dn 6, 15); mais il n’est pas dit qu’il le sauva (que sa pensée s’accomplit); au contraire, une mauvaise pensée équivaut alors à l’acte, puisqu’il est dit (d’Esaü): il sera exterminé par le carnage, à cause de la violence82"Le talmudiste suppose ici une jonction curieuse entre 2 versets, primitivement distincts; voir le recueil Hehaluç, t. 3, p. 105, article de M. Daubasch." faite à ton frère Jacob (Ab 1, 9); cependant, en réalité, il ne le tua pas, mais la pensée du meurtre représente l’acte.
תַּנִּי רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי הֲרֵי שֶׁהָיָה אָדָם צַדִּיק גָּמוּר כָּל־יָמָיו וּבְאַחֲרוֹנָה מָרַד אִיבֵּד זֶה כָּל־מַה שֶׁעָשָׂה כָּל־יָמָיו מָה טַעַם וּבְשׁוּב צַדִּיק מִצִּדְקָתוֹ וְעָשָׂה עָוֶל. רִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ אָמַר וּבְתוֹהֵא עַל הָרִאשׁוֹנוֹת. הֲרֵי שֶׁהָיָה אָדָם רָשָׁע גָּמוּר כָּל־יָמָיו וּבְסוֹף עָשָׂה תְשׁוּבָה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְקַבְּלוֹ מַה טַעַם וּבְשׁוּב רָשָׁע מֵרִשְׁעָתוֹ. אָמַר רִבִּי יוֹחָנָן וְלֹא עוֹד אֶלָּא כָּל־הָעֲבֵירוֹת שֶׁעָשָׂה הֵן נֶחֱשָׁבִין עָלָיו כִּזְכִיּוֹת מַה טַעַם מוֹר וַאֲהָלוֹת קְצִיעוֹת כָּל־בִּגְדוֹתֶיךָ. כָּל־בְּגִידוֹת שֶׁבָּגַדְתָּ בִּי הֲרֵי הֵן כְּמוֹר וַאֲהָלוֹת וּקְצִיעוֹת. R. Simon ben Yohaï a enseigné: si un homme a été parfaitement juste toute sa vie et qu’ensuite il est dégénéré, il perd tout l’avantage des bonnes actions de ses premières années; et ce qui le prouve, c’est qu’il est dit (Ez 18, 24): lorsque le juste renonce à l’équité et qu’il commet le mal, (son équité antérieure est pour ainsi dire annulée). Cela a lieu, dit R. Simon ben Lakish, lorsque l’on regrette83"Babli, Qidushin 40b; Bamidbar Rabba, 10; Midrash Hazith, sur le cantique des cantiques, 5, 16." ses premières actions (bonnes). Si quelqu’un a été foncièrement impie et que, vers la fin de ses jours, il fasse pénitence, Dieu l’accueillera, comme il est dit (ib. 27): lorsque l’impie se détournera de son impiété. En outre, ajoute R. Yohanan, on va jusqu’à compter toutes ses fautes au nombre de ses mérites, comme il est dit (Ps 65, 9); tous tes vêtements son parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse; or, on peut traduire le verset ainsi: toutes les infidélités que tu as commises envers moi sont comme ces parfums (et tu auras le pardon).
רוּבּוֹ זְכִיּוֹת וּמִיעוּטוֹ עֲבֵירוֹת נִפְרָעִין מִמֶּנּוּ מִיעוּט עֲבֵירוֹת קַלּוֹת שֶׁעָשָׂה בָּעוֹלָם הַזֶּה בִּשְׁבִיל לִיתֵּן לוֹ שְׂכָרוֹ מֻשְׁלָם לֶעָתִיד לָבוֹא. אֲבָל רוּבּוּ עֲבֵירוֹת וּמִיעוּטוֹ זְכִיּוֹת. נוֹתְנִין לוֹ שְׂכַר מִצְוֹת קַלּוֹת שֶׁעָשָׂה בָּעוֹלָם הַזֶּה בִּשְׁבִיל לִיפָּרַע מִמֶּנּוּ מֻשְׁלָם לֶעָתִיד לָבוֹא. אֲבָל הַפּוֹרֵק עוֹל וְהַמֵּיפֵר בְּרִית וְהַמְגַלֶּה פָּנִים בַּתּוֹרָה אַף עַל פִּי שֶׁיֵּשׁ בְּיָדוֹ מַעֲשִׂים טוֹבִים נִפְרָעִין מִמֶּנּוּ בָּעוֹלָם הַזֶּה וְהַקֶּרֶן קַייֶמֶת לוֹ לָעוֹלָם הַבָּא. עֲבוֹדָה זָרָה וְגִילּוּי עֲרָיוֹת. רִבִּי יוֹנָה וְרִבִּי יוֹסֵי חַד אָמַר בְּקַלּוֹת וְחַד אָמַר בַּחֲמוּרוֹת. מַה הֲנָן קַייָמִין. אִם בְּאוֹתוֹ שֶׁעָשָׂה תְשׁוּבָה אֵין כָּל־דָּבָר עוֹמֵד בִּפְנֵי כָּל־בַּעֲלֵי תְשׁוּבָה. אֶלָּא כִּי אֲנָן קַייָמִין בְּאוֹתוֹ שֶׁלֹּא עָשָׂה תְשׁוּבָה וּמֵת בְּיִיסוּרִין. Si le nombre des bonnes actions est plus grand que celui des mauvaises84Yerushalmi, (Sanhedrin 10, 1) ( 27c)., l’on est puni ici-bas des quelques fautes sans gravité, commises en ce monde, afin de jouir, sans restriction, des récompenses célestes dans le monde à venir; si, au contraire, le nombre des bonnes œuvres est inférieur aux mauvaises, on est récompensé ici-bas pour le peu de bonnes actions sans importance accomplies sur terre, afin d’être d’autant plus sévèrement puni dans l’autre monde. Celui qui secoue le joug de la divinité (l’athée), celui qui déchire l’alliance d’Israël, ou celui qui conteste l’authenticité de la loi85"Même série, (Pessahim 6, 2) ( 33b); Sifri, sur la section Schelah, n° 112; (Avot, 3, 15)", bien qu’il puisse invoquer en sa faveur des actes méritoires, sera puni en partie ici-bas, et il le sera essentiellement dans le monde futur. (Selon certains avis, cet homme ne mérite pas de part à la vie future). Quant aux crimes de l’idolâtrie et des unions illicites, R. Yona et R. Yossé les classent différemment: le premier les range parmi les fautes les moins graves (punissables ici-bas); le second, parmi les crimes les plus graves (dont la punition est réservée pour la vie future). Dans quel cas cette divergence d’interprétation a-t-elle lieu? Il ne saurait être question de celui qui se repent de ses fautes, car il a un mérite tel, que ses fautes disparaissent. -Non, il s’agit du coupable qui ne s’est pas repenti et qui est mort dans les douleurs (Lui sera-t-il pardonné ou non?).
תַּמָּן תַּנֵּינָן אֵילּוּ שֶׁאֵין לֵהֶן חֵלֶק לְעוֹלָם הַבָּא הָאוֹמֵר אֵין תְּחִייַת מֵתִים וְאֵין תּוֹרָה מִן הַשָּׁמַיִם וְאֶפִּיקוּרוֹס. רִבִי עֲקִיבָה אוֹמֵר אַף הַקּוֹרֵא בִּסְפָרִים הַחִיצוֹנִים. וְהַלּוֹחֵשׁ עַל הַמַּכָּה וְאוֹמֵר כָּל־הַמַּחֲלָה אֲשֶׁר שַׂמְתִּי בְמִצְרַיִם לֹא אָשִׂים עָלֶיךָ כִּי אֲנִי יי֨ רוֹפְאֶךָ. אַבָּא שָׁאוּל אוֹמֵר אַף הָהוֹגֶה אֶת הַשֵׁם בְּאוֹתִיּוֹתָיו. הוֹסִיפוּ עֲלֵיהֶן הַפּוֹרֵק עוֹל וְהַמֵּיפֵר בְּרִית וְהַמְגַלֶּה פָּנִים בַּתּוֹרָה אֵין לָהֶן חֵלֶק לְעוֹלָם הַבָּא. הַפּוֹרֵק עוֹל זֶה שֶׁהוּא אוֹמֵר יֵשׁ תּוֹרָה וְאֵינִי סוֹבְלָהּ. הַמֵּיפֵר בְּרִית זֶה שֶׁהוּא מוֹשֵׁךְ לוֹ עָרְלָה. הַמְגַלֶּה פָּנִים בַּתּוֹרָה זֶה שֶׁהוּא אוֹמֵר לֹא נִיתְּנָה תוֹרָה מִן הַשָּׁמַיִם. וְלֹא כְּבָר תַּנִּיתָהּ הָאוֹמֵר אֵין תּוֹרָה מִן הַשָּׁמַיִם. תַּנָּא רִבִּי חֲנַנְיָה עֵנְתּוֹנָיָא קוֹמֵי רִבִּי מָנָא זֶה שֶׁהוּא עוֹבֵר עַל דִּבְרֵי תוֹרָה בְּפַרְהֶסִּיָּא כְּגוֹן יְהוֹיָקִים מֶלֶךְ יְהוּדָה וַחֲבֵירָיו. – On a enseigné dans la Mishna86(Sanhedrin 10, 1): “Voici ceux qui n’auront pas de part à la vie future: -celui qui affirme que l’immortalité de l’âme n’est pas prescrite par la loi, -celui qui nie l’origine de la loi, -et l’hérétique. Selon R. aqiba, on y comprend celui qui lit des livres athéistes, et celui qui, en suçant une plaie, prétend la guérir, en vertu de ce verset (Ex 15, 26): je ne ferai venir sur toi aucune des maladies que j’ai imposées aux Egyptiens, car moi l’éternel je te guéris (et ce n’est pas à l’homme de s’arroger ce pouvoir). Aba Shaoul y comprend aussi celui qui prononce en toutes lettres le tétragramme sacré et ineffable, (que, par respect, on prononçait adonaï, mon seigneur). A cette liste de personnes qui n’ont point part à la vie future, le Talmud ajoute: -celui qui secoue le joug de la divinité, -celui qui déchire l’alliance d’Israël -et celui qui traite sans respect la loi. Que fit celui qui secoue le joug? Il dit que la loi existe en réalité, mais qu’il ne l’apprécie pas à sa valeur (et n’en respecte pas les préceptes). Que fait celui qui déchire l’alliance? Il méprise le symbole de la circoncision (littéralement: praeputium vellit). Et qu’appelle-t-on traiter la loi irrespectueusement? Dire que la loi n’a pas été donnée par le ciel. -Mais n’a-t-on pas déjà mentionné (dans la liste dressée par ladite Mishna), celui qui n’admet pas que la loi ait été donnée par le ciel? En effet, dit R. Hanania Antonia, en présence de R. Mena, il faut entendre, par cette désignation, celui qui transgresse publiquement les prescriptions de la loi, comme a agis Yoakim roi de Juda avec ses compagnons87Voir (2R 23, 5) et 34 à 37..
רוּבּוֹ זְכִיּוֹת יוֹרֵשׁ גַּן עֵדֶן. רוֹבּוּ עֲבֵירוֹת יוֹרֵשׁ גֵּיהִנָּם. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי בֶּן חֲנִינָא נוֹשֵׂא [עֲוֹנוֹת] אֵין כְּתִיב כַּאן אֶלָּא נוֹשֵׂא עָוֹן הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא חוֹטֵף שְׁטָר אֶחָד מִן הָעֲבֵירוֹת וְהַזְּכִיּוֹת מַכְרִיעוֹת. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר וּלְךָ יי֨ חָסֶד כִּי אַתָּה תְשַׁלֵּם לְאִיש כְּמַעֲשֵׂהוּ. וְאִי לֵית לֵיהּ אַתְּ יְהִיב לֵיהּ מִן דִּידָךְ. הִיא דַעְתֵּיהּ דְּרִבִּי אֶלְעָזָר דְּרִבִּי אֶלְעָזָר אוֹמֵר וְרַב חֶסֶד מַטֶּה כְּלַפֵּי חֶסֶד. Si la plupart des œuvres d’un homme sont bonnes, il aura en partage le paradis; si elles sont la plupart mauvaises, il héritera de l’enfer. Qu’arrivera-t-il s’il y a parité de bien et de mal? Voici ce qu’en dit R. Yosé ben Hanina: comme il écrit (Ex 34, 7): il enlève l’iniquité (au singulier), et non les iniquités, cela indique que Dieu retire, pour ainsi dire, la mention relative à l’une des fautes, pour que le nombre des bonnes actions l’emporte sur les mauvaises. De même, R. Eliezer interprète ce verset des psaumes (Ps 62, 13): Et c’est à toi, Seigneur, qu’appartient la miséricorde; certes, tu rendras à chacun selon son œuvre; et ce n’est pas l’œuvre même qui sera payée, car si l’homme n’en a pas invoquer, Dieu suppose qu’il en a accompli. Ceci est conforme à la manière dont R. Eliézer explique l’un des attributs donnés par Moïse à la Divinité (Ex 34, 6): il est plein de miséricorde, est-il dit, c’est-à-dire que Dieu penche toujours vers la générosité et la grâce.
רִבִּי יִרְמְיָה אָמַר רִבִּי שְׁמוּאֵל בַּר רַב יִצְחָק בְּעִי צְדָקָה תִּצֹּר תָּם־דָּרֶךְ וְרִשְׁעָה תְּסַלֵּף חַטָּאת. חַטָּאִים תְּרַדֵּף רָעָה וְאֶת צַדִּיקִים יְשַׁלֵּם טוֹב. אִם לַלֵּיצִים הוּא יָלִיץ וְלַעֲנָוִים יִתֵּן חֵן. רַגְלֵי חֲסִידָיו יִשְׁמוֹר וּרְשָׁעִים בַּחֹשֶׁךְ יִדָּמוּ. כְּבוֹד חֲכָמִים יִנְחָלוּ וּכְסִילִים מֵרִים קָלוֹן. וּסְיָגִין סְייָגָה וְתַרְעִין תְּרִיעָה. רִבִּי יִרְמְיָה בְּשֵׁם רִבִּי שְׁמוּאֵל בַּר רַב יִצְחָק שׁוֹמֵר אָדָם אֶת עַצְמוֹ מִן הָעֲבֵירָה פַּעַם רִאשׁוֹנָה שְׁנִייָה וּשְׁלִישִׁית מִיכַּן וָאֵילַךְ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְשַׁמְּרוֹ. מַה טַעַם הֶן כָּל־אֵלֶּה יִפְעַל אֵל פַּעֲמַיִם שָׁלֹשׁ עִם גָּבֶר. אָמַר רִבִּי זְעִירָא וּבִלְחוּד דְּלָא יְתִיב לֵיהּ מַה טַעַם וְהַחוּט הַמְשׁוּלָּשׁ לֹא לְעוֹלָם יִנָּתֵק אֵין כְּתִיב כּאַן אֶלֵּא לֹא בִמְהֵרָה יִנָּתֵק. אִין מִטְרַחַת עֲלוֹי מִיפְסַק הוּא. Au contraire, R. Jérémie au nom de R. Samuel bar Isaac oppose à cet avis les versets suivants: la justice garde celui qui marche dans l’intégrité, mais la méchanceté renversera celui qui s’égare par le péché (Pr 13, 6); le mal poursuit les pécheurs, mais le bonheur récompense les justes (ib 21); s’il se moque des moqueurs, il fait grâce aux gens modestes (Pr 3, 34); il préserve les pas des gens pieux, et les méchants périront dans les ténèbres (1S 2, 9); les sages hériteront la gloire, mais les insensés augmenteront leur honte (Pr 3, 35). De ces versets faut-il conclure qu’une haie s’ajoute à l’enclos et que s’il y a une brèche ou l’ouvrira encore?88Peut-on dire que Dieu qu'il veuille augmenter les fautes de l'impie et qu'il préserve de la chute le juste qui n'a pas besoin d'appui? R. Jérémie répond au nom de R. Samuel bar R. Isaac: si l’on se garde de ne pas commettre de péché une fois, deux et trois fois, Dieu vous en préservera désormais; et ce qui le prouve, c’est qu’il est dit (Jb 33, 29): certes, Dieu fera tout cela, et même deux ou trois fois en faveur de l’homme, c’est-à-dire après deux ou trois préservations, l’homme sera déjà enclin à se garder. Toutefois, ajoute R. Zeira, il faudra ne pas s’écarter du bien et suivre cette voie, puisqu’il est dit (Qo 4, 12): le triple fil ne sera pas aisément rompu; il n’est pas dit qu’il ne sera jamais rompu, mais il ne le sera pas rapidement: c’est que, si on le tire trop fort, il se brise.
רִבִּי חוּנָא בְשֵׁם רִבִּי אַבָּהוּ הַקָּדוֹשׁ אֵין לְפָנָיו שִׁכְחָה הָא בִשְׁבִיל יִשְׂרָאֵל נַעֲשֶׂה שׁוֹכְחָן. מַה טַעַם נוֹשֵׂא עָוֹן כְּתִיב. וְכֵן דָּוִד הוּא אוֹמֵר נָשָׂאתָ עֲוֹן עַמֶּךָ כִּסִּיתָ כָּל חַטֹּאתָם סֶלָה. R Houna s’exprime ainsi au nom de R. Abahou: bien qu’il doit dit que pour Dieu il n’y a pas d’oubli, cela a pourtant lieu en faveur d’Israël, comme il est écrit: il pardonne ses péchés89"Selon la judicieuse remarque de Frankel, Introductio, 18a, le texte est elliptique; il faut intercaler ici les mots AL TIKRE et compléter la pensée du Talmud en disant: on suppose le mot NOSSE ponctué ainsi, avec SHIN, dans le sens d'oublier, comme dans (Gn 41, 51).". Aussi David dit-il: tu as pardonné la faute de ton peuple, tu as couvert tous ses péchés. Selâ (Ps 85, 3).